J’ai à peine eu le temps d’arriver aux toilettes que je vomissais encore et encore, ma tête remplie de ces images de lui la baisant, prenant son pied, s’en était trop. Qu’elle idiote, je pensais qu’il n’était pas si con et finalement, je me suis bien trompée. 

Aucune larme ne coulait, je ne pleurais pour personne d’autres que pour mon père, mais j’étais furieuse, contrariée et je me sentais vraiment comme une conne. Aurore est entrée dans la salle de bain au bout d’un moment.

- Oh la vache, Soléa, qu’est-ce qu’il t’arrive ?

- Je crois que j’ai mal digéré un truc.

- Dégueulasse, je crois que je vais vomir ! Je vais chercher ta mère !

Je lui ai dit que ce n’était pas la peine et que ça allait passer, mais ça ne passait pas, chaque fois que je clignais des yeux, je les voyais. Elle a fini par descendre contre mon avis. J’ai entendu la porte de ma chambre s’ouvrir de nouveau, elle avait été plutôt rapide.

- C’est bon ça va mieux, j’ai crié en sortant. 

Il était debout devant moi, dans un short, la nausée m’a envahi et je suis retournée vomir.

- Soléa, je voulais j…

M’essuyant la bouche, je me suis relevée, toujours aussi furieuse. 

- Dégage Kieran, ne m’adresse plus la parole, ne me regarde plus, fait comme avant, comme quand je n’existais pas à tes yeux, je te déteste, Kieran, tu entends, je te déteste ! 

- Soléa…

- Ta gueule Kieran, dégage putain, dégage de là.

Il m’a écouté et il est sorti, je me suis penchée au-dessus de la cuvette et j’ai continué à vomir. Ma mère est entrée avec Aurore, elle m’a donné des cachets, je me suis excusé auprès de ma meilleure amie, puis elle est rentrée chez elle. 

Avant de m’endormir, je repensais à mon père, s’il était encore là, alors rien de tout ça ne serait arrivé, je n’aurais pas le béguin pour mon demi-frère et je ne serais pas dans cet état à le maudire pour ses actes stupides. Je pleurais, et l’espace d’un instant, je ne savais pas si je pleurais mon père ou si je pleurais Kieran, j’ai secoué la tête, hors de question que je pleure pour lui, je pleurais l’absence de mon père, point.

Lundi matin, m’a mère est entrée dans ma chambre, j’avais de la fièvre maintenant et j’étais toujours patraque, elle m’a dit de rester à la maison aujourd’hui. Manque de bol, aujourd’hui et demain, elle avait une formation, je lui ai dit que je me débrouillerai, elle a embrassé mon front, puis elle est partie. Ils sont tous partis, me laissant enfin seule dans cette grande maison des horreurs. C’était sans compter sur la ténacité de Kieran. 

Je dormais profondément, une douce chaleur se rependait dans tout mon corps, j’étais tellement bien, son parfum envahissait mes narines, je voulais me shooter à son odeur, et les images sont revenues, je me suis réveillée en sursaut et il était à côté de moi, ce connard était à côté de moi, j’ai vu rouge, qu’il aille se faire foutre, putain.