• Le silence qui s’était installé entre nous n’avais rien de gênant, au contraire, il témoignait de nos humeurs douces et de nos désirs rassasiés de plaisir. Parfois, sur le chemin du retour, Kieran me regardait en catimini, un sourire sur les lèvres. Sa main sur ma cuisse. Un moment en suspension avant la tempête.

    À notre arrivée, les parents nous sont tombés dessus, je sentais Kieran sur la défensive. Ma tête encore imprégnée de nos folies, j’ai pris les devants, je savais que si j’évoquais mon père la tension s’apaiserait. Je m’excusais silencieusement auprès de lui pour ce mensonge. 

    Chapitre 44 - Soléa

    Nos parents ont cessé leur semblant d’hostilité avant que nous ne montions, le beau brun qui me précédait m’a arrêté dans ma course. Une dernière caresse, un dernier baiser avant de se quitter.

    - Bonne nuit mon soleil !

    Après cette nuit-là, Kieran était toujours au petit soin avec moi, nous essayions d’être discrets, mais parfois nos pulsions étaient plus dures que notre raison. Très concentrés sur nos études et notre diplôme nous avons passé les semaines suivantes à réviser ensemble, entre quelques baisers. Nous attendions d’avoir nos résultats pour sauter le pas une seconde fois, j’étais à bout de nerfs, mais c’est ce que nous avions décidés ensemble.

    Les résultats nous les avions eus dans la journée, reçu tous les deux dans deux domaines différents. Nyx, qui préférait qu’on l’appelle désormais comme ça, et Irvin avaient eux aussi été admis, ce soir, c’était le soir des soirées entre amis, mais demain se serait notre moment, nos retrouvailles, quelques coups d’œil vers Kieran qui me regardait aussi, je sentais mes joues rosir sous son regard. 

    Chapitre 44 - Soléa

    Je crois avoir trop abusé de la boisson hier soir, parce que je me réveille dans mon lit, complètement habillée, mon portable affiche midi, je prends une douche vite fait avant de courir dans la chambre de Kieran. Son lit était fait, je suis descendue dans le salon, il était vide, la cuisine était déserte, il ne profitait pas de la piscine et sa voiture était de retour dans l’entrée.

    J’ai trouvé ma mère dans sa pièce de peinture, j’allais lui demander où était l’objet de toutes mes attentions. Elle avait une mine triste devant son tableau.

    - Maman, où est Kieran ?

    Elle a levé les yeux de son chevalet pour me répondre, soucieuse, je sentais mon cœur se serrer.

    - Il est parti chérie.

    - Comment ça parti ?

    - Sam l’a envoyé en camp humanitaire…

    Chapitre 44 - Soléa

    En camp humanitaire ? Kieran ? La blague, j’allais lui demander où il était vraiment, quand j’ai compris au regard de ma mère qu’elle ne plaisantait pas une seconde. Samuel avait envoyé son fils à l’autre bout du globe, loin de tout, loin de moi, loin de mon cœur.

    J’ai regagné ma chambre pour l’appeler, l’opérateur indiquait que ce numéro n’existait pas, j’ai réalisé qu’il ne reviendrait pas de sitôt, qu’il m’avait abandonné lui aussi. Et je me suis effondrée.


     

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  • Après les résultats de nos examens, un regard vers Soléa et je savais qu’elle attendait avec impatience le lendemain, j’avais hâte de la retrouver intimement. Patienter avait mis mes nerfs à rude épreuve, mais avec les examens approchant, il était facile de faire passer nos sautes d’humeur pour normales. 

    Dernière soirée entre potes et demain elle serait entièrement à moi. J’ai préféré la jouer soft et ne pas trop abuser sur la boisson, je voulais avoir bonne mine le lendemain, mais surtout, je voulais rentrer en vie !! Il était presque minuit quand je suis entré dans ma chambre et après seulement quelques minutes, mon père a surgit derrière moi.

    - Espèce de petit crétin sans cervelle.

    Qu’est-ce qu’il lui prenait tout à coup ? Il avait bu ou quoi ?

    Chapitre 45 - Kieran

    - J’osais à peine croire ce coup de téléphone, mais on dirait bien qu’il ne s’est pas trompé.

    De quoi parlait-il ? Mon cœur faisait des siennes, comme si j’étais un petit garçon qu’on venait de surprendre en train de voler des bonbons.

    - De quoi tu parles papa ?

    - De toi et de Soléa.

    Ok, cette discussion prenait un tournant que je n’attendais pas du tout. Nous avions pourtant était discret, enfin autant que l’on pouvait. Qui avait bien pu découvrir notre secret ?

    Chapitre 45 - Kieran

    - Papa, écoute…

    - Oh non mon grand, c’est toi qui vas m’écouter, Soléa est ta sœur, il est hors de question que je te laisse salir la réputation de cette famille parce que ta bite te démange. Des filles, tu en as à la pelle dehors.

    - Mais Soléa…

    - Il n’y a pas de « mais », vous devez cesser ce petit jeu incestueux tout de suite.

    - Soléa n’est même pas ma vraie sœur, tu dis n’importe quoi.

    La gifle dont il m’a gratifié m’a fait monter en tension.

    - Tu es bornée comme ta mère, je savais que tu me causerais des problèmes, fait tes bagages, tu pars de cette maison.

    - Quoi ?

    - Tu prends tes affaires, je vais t’apprendre à vivre mon garçon.

    Chapitre 45 - Kieran

    J’allais protester une énième fois, mais il m’a arrêté avant ça.

    - Ton billet est près, où tu vas-tu n’as pas besoin de grand-chose et si tu tiens un tant soit peu à cette famille, tu vas prendre cet avion et la laisser tranquille.

    Muet par la claque sentimentale que je venais de prendre, j’ai bêtement baissé les yeux. Bien qu’à cet instant, je détestais mon père à un point inimaginable, je tenais évidemment à cette famille, mais surtout à Soléa. C’était même pire, je l’aimais. Je l’aimais et j’allais devoir l’abandonner comme un lâche. J’ai fait mon sac avec les larmes aux bords des yeux, un dernier regard vers la porte de sa chambre et j’ai suivi mon père, comme du bétail qu’on menait à l’abattoir. 

     

    FIN PARTIE 1

    Rendez-vous le 20/08/18 à 12h pour le début de la partie 2 ! 


     

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  • Seulement trois mots.

    - Il est mort.

    Ce sont ces trois mots que j’ai entendus en décrochant mon téléphone au beau milieu de la nuit. J’ai reconnu la voix de ma mère. Qu’est-ce qu’elle racontait ?

    - Qu’est-ce que tu dis maman ?

    Elle s’est mise à sangloter, au bout du fil, avant de me répondre, sa peine m’avait instantanément réveillée.

    - C’est Sam, il… il vient de nous quitter, Soléa…

    La véracité de ses mots me heurtait de plein fouet. Sam ? Mais il allait bien à notre dernier coup de fil.

    - Je… Je suis désolée maman.

    - Je crois que je n’arriverais pas à m’en remettre Soléa, pas encore une fois…

    Je pouvais comprendre sa peine, c’était le second mari qu’elle mettait en terre. J’ai sauté hors du lit, il fallait que je prépare les valises et que je la rejoigne au plus vite.

    Chapitre 1

    - J’arrive maman, ne t’inquiète pas.

    J’ai bouclé les sacs, fermée le gaz et nous avons pris la route. Une petite heure me séparait du domaine familial, elle serait vite engloutie. J’étais anxieuse, Irvin le sentait et n’osait pas me parler, le trajet s’est fait en silence.

    En me garant, l’angoisse me prenait aux tripes, la chair de poule m’envahissait jusqu’à me faire frissonner, je revenais régulièrement ici, mais aujourd’hui, c’était différent et j’avais peur.

    - Ça va aller ma chérie ?

    - Ça ira, ne t’inquiète pas. 

    Il a embrassé ma joue avant de sortir et d’ouvrir à Némésis, la chienne était contente de retrouver la terre ferme. Je commençais à devenir paranoïaque à regarder un peu partout. Ma mère nous a ouverts et nous a laissé entrer avant de me prendre dans ses bras.

    - Merci ma puce, je suis désolée de t’avoir réveillé en pleine nuit.

    - Maman, ne raconte pas de bêtises… c’est moi qui suis désolée pour toi… Sam était comme un père pour moi.

    Chapitre 1

    Elle s’est mise à pleurer dans mes bras, avant de se reprendre et de saluer Irvin. Nous l’avons suivi dans la cuisine. Elle avait préparé du café et j’en avais grandement besoin après les heures de sommeil en stock que j’avais, c’est-à-dire, très peu ! Irvin baillait aux corneilles à côté de moi.

    - Tu peux aller te reposer, tu sais, je viendrais te rejoindre un peu plus tard.

    Il s’est excusé, comme le gentleman qu’il était puis est parti à la recherche de la chambre que ma mère nous attribuait lors de nos visites, parce que « c’est inconcevable que je laisse dormir un couple dans une chambre d’adolescent ». J’aimais quand même monter m’asseoir sur mon lit de temps en temps et me remémorer ces fameuses années. Je ressortais bien vite quand mes pensées divaguaient vers de noirs souvenirs.

    - Une crise cardiaque, tu te rends compte, il vivait sainement et il a eu une crise cardiaque…

    - Il vivait à mille à l’heure aussi maman… 

    - Et je ne sais pas si le pire dans tout ça, c’est le fait que Kieran ne sera probablement pas aux obsèques de son père.

    Chapitre 1

    Elle avait prononcé son prénom, Kieran, ça faisait des années qu’on ne parlait plus de lui. Comme s’il était un fantôme du passé que personne n’osait n’exhumer. Je me suis sentie soulagée, c’était mal et pourtant je me sentais mieux. Je tentais de répondre normalement.

    - Ah bon ? Pourquoi tu dis ça ?

    - Oui, tu sais, ils n’étaient plus en très bon terme tous les deux et quand je l’ai appelé, il a raccroché après avoir entendu la nouvelle… ça me fait de la peine pour ce pauvre garçon, heureusement Samuel ne sera pas là pour voir ça…

    Elle a dû se rendre compte de ce qu’elle venait de dire, car elle s’est remise à pleurer, elle était affaiblie par le chagrin. 

    - Tu devrais aller te reposer maman.

    - Je ne peux pas, je dois avoir la visite du fleuriste et du prêtre et…

    - Je vais m’occuper de tout ça d’accord.

    - Je te remercie ma chérie, tout est là.

    Chapitre 1

    Elle me montrait du doigt un dossier, sûrement tout ce qu’elle avait prévu et qu’elle n’avait plus qu’à valider avec les membres concernés, puis elle a disparu dans le couloir. 

    Je me suis assise sur le canapé, très peu de chose avaient changés depuis toutes ses années, quelques bibelots par-ci par-là, mais la maison restait telle quelle. Némésis dormait à mes pieds, un coup d’œil par la fenêtre, l’automne était bien installé et il s’était mis à pleuvoir, les gouttes qui tombaient sur la piscine créaient des oscillations sur l'eau.

    Ma chienne s’est levée d’un mouvement vif pour courir dans l’entrée, elle s’est mise à grogner et aboyer, ce qui n’arrivait pas très souvent.

    - Quelqu’un pourrait rappeler le chien de garde ?

    Je pensais rêver, ce timbre de voix, il me semblait si familier et pourtant si mature, j’ai doucement avancé vers l’entrée, ma fidèle compagne montrait les crocs et devant elle, trempé comme une souche, un amas de muscles aux cheveux noirs. Son visage semblait avoir vécu mille souffrances, mais c’était bien lui en chair et en os, Kieran.

    - Némésis au pied.

    Chapitre 1

    Elle s’est calmée pour revenir près de moi, j’étais perdue, je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire, ça faisait presque dix ans qu’on ne s’était pas revus. Dix longues années et il était toujours aussi électrisant, jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche.

    - Tel maître, tel chien à ce qu’on dit !! 

    Il ne manquait pas de culot, quel goujat. J’avais passé l’âge de lancer des vannes stupides, je décidais d’agir en adulte, ce qu’il ne savait toujours pas faire visiblement.

    - Bonjour à toi aussi Kieran !

    J’ai sifflé Némésis et je suis retournée en cuisine, malgré les températures actuelles, il avait réussi à faire montrer la mienne. Il était si énervant. Il n’avait vraiment pas changé. 

    - Je vois que tu as perdu ton humour ! Bonjour soeurette !

    Kieran m’avait rejoint, et l’accent qu’il avait mis sur son « soeurette » sonnait particulièrement, faux. Tout ça dans le seul et unique but de m’énerver, car il sait à quel point je déteste qu’il m’appelle comme ça. 

    Chapitre 1

    - Je vais aller me reposer, j’ai fait un long voyage et je suis fatigué.

    - Je ne pense pas que ma mère ait prévu de faire ton lit, elle pensait que tu ne viendrais pas… tu lui as raccroché au nez.

    - J’étais sous le choc, mais comme tu vois, je suis là…

    - Je suis désolée pour ton père...

    Je n’avais aucune envie de l’aider, mais je ne savais pas d’où il venait, peut-être de l’autre bout du monde, sa mine fatiguée et les récents évènements m’ont poussé à me montrer indulgente.

    - Je vais préparer ta chambre.

    J’ai pris des draps dans la buanderie avant de monter dans l’ancienne chambre de Kieran, il me suivait et Némésis n’était pas loin derrière. Comme je le pensais, son lit était défait. Cette chambre renfermait encore beaucoup trop de douloureux souvenirs, je préférais me concentrer sur ma tâche. 

    - C’est bizarre que cette chambre soit restée presque en l’état, je pensais qu’il en avait fait un bureau. 

    Chapitre 1

    Je ne savais pas quoi lui répondre, alors je n’ai rien dit. Il m’observait faire son lit, un regard songeur.

    - Ne m’aide pas surtout.

    - Bien, si tu le demandes !

    J’ai levé les yeux au ciel. Il s’est accroupi pour caresser Némésis, mais elle lui montrait les crocs, c’était vraiment drôle, parce qu’elle ne faisait jamais ça, c’était une chienne très sociable qui adorait tout le monde. 

    - Vilaine fille ! Tu finiras par succomber !! 

    Je riais intérieurement qu’il parle ainsi au chien. J’avais fini et quand je me suis relevée, il avait quitté son t-shirt, son torse tatoué cachait des cicatrices, je l’ai examiné un instant avant de revenir à moi, je perdais les pédales.

    - Merci Soléa. 

    Son sourire n’avait rien d’amical, il était en train de sourire parce que je m’étais perdue en chemin, mais il pouvait toujours courir, s’il pensait que je pourrais retomber dans mes travers. J’ai appelé la chienne et je suis sortie. Ce type était toujours un abruti. 


     

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  • Arrivée en bas, on sonnait justement à la porte. Le fleuriste et le prête s’étaient donnés rendez-vous à la même heure, voilà qui arrangeait mes affaires, je pourrais vite retrouver mon lit et mon homme. 

    Tout cela m’a quand même pris une bonne heure et demi, je ne pensais pas que ce serait si long, ils m’avaient totalement lessivés, un verre d’eau et je pourrais rejoindre Irvin. L’escalier qui grinçait à chaque pas m’a fait lever les yeux.

    - Déjà debout ?

    - Comme tu vois.

    Je n’ai rien ajouté de plus et je suis allée chercher mon eau. Je posais mon verre dans l’évier, Kieran se servait dans le frigo.

    - J’ai une petite faim maintenant ! 

    - Fais comme chez toi ! Je vais me coucher ! 

    - Si tu as besoin que je te borde, fais-moi signe, petite sœur !

    - Certainement pas ! 

    Chapitre 2

    Il a rigolé d’un rire gras. J’ai levé les yeux au ciel pour la énième fois. Némésis sur mes talons, et j’ai rejoint ma chambre. Je me suis glissée près d’Irvin et il s’est réveillé.

    - Désolée, je ne voulais pas te réveiller.

    - Ce n’est pas grave, tu en as mis du temps, bella. 

    - Il y avait le fleuriste et le prête, ça m’a pris du temps, j’ai envoyé ma mère se reposer. Puis Kieran est arrivé aussi… ma mère pensait qu’il ne viendrait pas, j’ai dû m’occuper de faire sa chambre.

    - Vraiment ? Il a quel âge déjà ? 

    - Il est fatigué et vient de perdre son père, Irvin… 

    Il n’était pas en train de me faire une crise de jalousie ? C’était mal venu de sa part. 

    - Tu as raison, excuse-moi, je suis fatigué, tu me connais !

    Chapitre 2

    Je l’ai embrassé, ses lèvres étaient dominatrices comme s’il essayait de me rappeler que j’étais à lui, cela m’a paru étrange, puis je me suis retournée pour dormir. Les bras d’Irvin autour de moi. 

    Ce sont les grognements de Némésis qui nous ont réveillés. Il était presque dix-neuf heures, nous sommes sortis et la chienne est partie en courant dans la cuisine. Encore ensommeillée, je l’ai suivi, Irvin se levait tout juste. Ma mère et Kieran étaient assis autour d’une tasse de café, j’allais les rejoindre quand mon compagnon m’a retenu en embrassant mon cou, je me suis raidie, j’étais complètement gênée, qu’il fasse ça devant ma mère et aussi devant Kieran. Puis il s’est approché de ce dernier pour lui serrer la main, le regard de Kieran semblait noir.

    - Je te présente Irvin, je ne sais pas si tu te souviens de lui, il était gothique au lycée !

    - Je m’en rappelle. 

    Chapitre 2

    Il s’est levé et a jeté son café dans l’évier avant de quitter la cuisine comme s’il avait le feu au cul. Je sentais que ça allait être compliqué cette cohabitation de quelques jours. J’ai sorti du frigo des plats qui avaient généreusement était fait par les amis de nos parents, même si je n’avais pas très faim et que ma mère non plus, il fallait que l’on reprenne des forces. 

    Irvin est parti se coucher avant nous, j’ai envoyé ma mère au lit peu de temps après et moi, je savais que je n’arriverais pas à trouver le sommeil tout de suite alors je suis restée dans le salon, j’ai allumé la télé. J’étais sûre que Kieran allait descendre avant même de le voir dans le salon, Némésis était un vrai détecteur.

    - Tu ne dors pas ? 

    - Toi non plus ! Il y a des restes au frigo si tu as faim.

    - Merci maman !

    Il est revenu de la cuisine avec une assiette et s’est assis à côté de moi. Je ne savais pas quoi lui dire, ça faisait dix ans qu’il avait disparu de l'univers et de cette famille, pourtant j’aurais tant voulu savoir ce qu’il avait fait, ce qu’il avait traversé, cela devait être passionnant pour m’avoir abandonné lâchement. Une pointe de colère m’a envahi, je me suis levée et j’ai regagné ma chambre sans un mot de plus pour lui. 

    J’étais la première debout, c’était aujourd’hui qu’on lui ferait nos derniers adieu. Pendant que Némésis était dehors à profiter du jardin, je me suis mise en tête de faire le café pour tout le monde, nous en aurions bien besoin. 

    - Salut !

    Chapitre 2

    J’ai sursauté, renversant de l’eau partout, le traître était derrière moi, vêtu d’un simple et unique caleçon. Mon palpitant faisait des siennes, je ne savais plus si c’était la peur qu’il m’avait instauré ou simplement la peur de me retrouver si près de lui.

    - Bon sang Kieran, j’ai failli faire une attaque. Et tu ne peux pas t’habiller, tu n’es pas tout seul ici.

    - Qui ça va emmerder que je me balade en calbut chez moi ? Ton petit-ami ou toi ?

    Dans un élan de fureur, je lui ai balancé le reste d’eau au visage avant de sortir de cette cuisine.

    - Au moins tu as toujours du caractère !

    - Va te faire foutre.

    Une bonne douche et ça irait mieux, sous le jet d’eau, les yeux fermés, j’essayé de m’évader d’ici, mais les seules images que mon esprit tordu m’autorisait à voir, c’était Kieran en caleçon devant moi. Et le scénario suivant était fourni avec. Je le voyais m’embrasser impétueusement, m’attraper pour me poser sur le plan de travail et parcourir tout mon corps avec sa langue. J’ai vite ouvert les yeux et je me suis habillée. 

    La cérémonie s’est passée dans les larmes et le désespoir. Il ne restait plus que nous trois devant le cercueil de Samuel, je voulais passer ma main dans celle de Kieran, mais j’avais trop peur, pourtant, je voulais être là pour lui, je savais que trop bien la douleur que c’était que d’enterrer son père, alors j’ai consolé ma mère. 

    Chapitre 2

    Irvin nous attendait à la maison, je me suis installée à ses côtés sur le canapé et Kieran et ma mère sont allés en direction de la cuisine. On pouvait les entendre parler.

    - Demain matin je serais partie avant l’aube Alice.

    - Déjà ? Mais tu viens à peine d’arriver.

    - Je sais… mais j’ai des choses à faire. 

    - Comme tu veux mon grand.  

    Ma mère se retrouverait toute seule, ça me fendait le cœur, je ne pouvais pas la laisser, pas dans cet état en tout cas.

    - Tu as entendu, Kieran part demain matin, je ne peux pas laisser ma mère.

    - Tu veux que je rentre sans toi ?

    - Une petite semaine, tu survivras non ? 

    - Et ta boutique ? 

    - Lisa s’en sortira très bien toute seule… 

    - Comme tu veux chérie. 

    Chapitre 2

    Je lui souriais avant de l’embrasser. Irvin pouvait être si compréhensif, après des années à avoir été simplement mon ami, un jour, j’ai décidé de sauter le pas. Cela ne faisait qu’un an et demi que nous étions ensemble, mais ça roulait, il était gentil et attentionné, tout ce dont j’avais besoin, ni plus, ni moins.

    Le lendemain matin, Irvin m’a embrassé avant de partir, me faisant promettre de l’appeler tous les soirs. Je n’arrivais plus à dormir alors je me suis levée. La pluie faisait toujours rage dehors, ce temps me provoquait un léger frisson. La maison était déserte et je me sentais moins stressé de savoir Kieran de nouveau loin de moi. Némésis, toujours collée à mes baskets, commençait à grogner, le regard perdu dehors, et seule, je lui parlais.

    - Tu peux arrêter ça Ném’, le grand méchant loup a quitté la forêt ce matin, on ne le reverra probablement jamais plus.

    Elle a arrêté de grogner, comme si elle avait compris ce que je disais puis elle s’est recouchée. Deux bras ont entouré mon corps, m’enveloppant d’une douce chaleur agréable et sa voix grave chuchotait à mon oreille.

    - Fais attention à toi, petit chaperon rouge, car il semblerait que le grand méchant loup soit toujours dans la forêt et qu’en plus de ça, il soit affamé.

    Chapitre 2

    Il a relâché son étreinte, une phrase et il m’avait complètement transporté ailleurs, j’étais de nouveau la petite Soléa de dix-sept ans et demi, assurément sous le charme de son demi-frère.

    - Charmant est rentré au palais ?

    - Et toi qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne devais pas partir ?

    - Finalement, non. Et je me suis dit que je pouvais rester ici quelques jours. 

    - Bien, alors reste loin de moi Kieran.

    Je l’ai poussé pour sortir de ce traquenard et me réfugier dans ma chambre. Je sentais mes jambes trembler, mon cœur s’affoler et mon entre-jambe papillonner. Je n’avais pas besoin de ça au tableau, j’étais une fille rangée maintenant. Kieran n’avait pas le droit de faire de moi un objet quelconque qu’il pouvait manipuler à sa guise. Je l’entendais encore du salon me répondre.

    - Mais certainement, mon soleil. 

    Quel petit connard il faisait. 


     

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  • Kieran s’était enfermé dans sa chambre depuis ce matin et ce n’était pas pour me déplaire. Pour une fois, qu’il faisait ce qu’on lui demandait. C’était sans compter sur la gentillesse de ma mère.

    Kieran n’est pas venu manger de la journée, apporte lui une assiette mon ange.

    - Maman, il est assez grand…

    Soléa, il a perdu son père et je crois que tu es la plus à même de comprendre ce que ça fait. Et puis vous étiez complices fût un temps…

    - Bien, comme tu veux.

    J’ai obéi à ma mère, sans broncher. C’était vraiment le comble, c’est moi qui lui disais de garder ses distances et c’est moi qui venais vers lui. J’ai toqué à sa porte, mais pas de réponse.

    - C’est Soléa… je peux entrer ?

    - Ça dépend, qu’est-ce que tu veux ?

    - Je t’apporte à manger.

    Chapitre 3

    Il m’a ouvert et je suis entrée. J’ai posé l’assiette sur la petite table et j’allais ressortir.

    - Reste, s’il te plaît, je me sens seul.

    Pourquoi fallait-il que je sois si charitable, ses yeux de cocker me faisaient culpabiliser. Je me suis assise sur le canapé. Il n’a rien dit pendant qu’il mangeait son plat, je ne me sentais pas du tout dans mon élément. J’ai eu envie de casser ce silence gênant.

    - Alors, qu’as-tu fait ces dix dernières années ?

    - Cela t’intéresse vraiment ?

    - Pourquoi je poserais la question sinon ?

    - Pour faire la causette.

    Ce qu’il pouvait être pénible. Être loin de la ville l’avait rendu encore plus sauvage.

    - Tu n’es jamais revenu, donc je suppose que c’était bien ce que tu faisais.

    - Je ne suis jamais revenu parce que je ne voulais pas voir mon père…

    - Mais tu aurais pu vouloir me voir, moi.

    Chapitre 3

    Ça y est, j’y venais doucement, mais sûrement.

    - Je t’ai attendu, longtemps…

    Les larmes me montaient aux yeux, je préférais quitter l’endroit que de pleurer devant lui. Surtout quand sa réponse manquait de m’achever.

    - Et bien, tu n’aurais pas dû.

    J’ai claqué la porte si violemment que s’en faisait trembler les murs. Comment pouvait-il être si méprisable ? C’est lui qui n’est jamais revenu, lui qui a brisé ce qui nous unissait. L’orage grondait dehors, le temps était aussi emporté que moi. J’avais besoin de sortir d’ici, de prendre l’air. J’ai mis un pied dehors et j’étais déjà imbibée d’eau, je me rapprochais peu à peu de la plage. L’océan était déchaîné, les vagues étaient nombreuses et dangereuses. Je me suis accroupie, je pleurais.

    J’étais en colère, contre Samuel, s’il n’était pas mort, je ne serais pas là en train de revivre les démons de mon passé. J’étais en colère contre mon père, s’il était resté avec nous au lieu d’aller dans des pays dangereux, je n’aurais jamais eu à connaître cette famille. Et surtout, j’étais en colère contre Kieran.

    - Qu’est-ce que tu fais ? Tu vas attraper la mort.

    Chapitre 3

    Sa présence soudaine à côté de moi m’avait fait discrètement tressauter. Je tournais la tête pour qu’il ne voie pas mes larmes, mais il était borné, il a agrippé mon bras pour m’obliger à me relever et à le regarder.

    - Laisse-moi Kieran

    - Viens, je te ramène à l’intérieur, tu es complètement trempée.

    - Laisse-moi, je te dis, c’est ce que tu sais faire de mieux.

    Ses yeux étaient soudains mélancoliques, je l’avais blessée, mais je ne faisais que dire la vérité, dire ce que je ressentais. Le tonnerre s’est mis à faire des siennes, dicter par ma peur, mon corps a bondi s’accrochant à la veste de Kieran, un délicat sourire sur ses lèvres. Lèvres qui m’avaient tant donné il y a dix ans, commandée, plus par ma stupidité que par mon courage, j’ai relevé mes pointes de pieds pour l’embrasser. Sa bouche était chaude, sa barbe irritait ma peau, mais ce baiser me transportait malgré moi. Un éclat de tonnerre m’a fait revenir sur terre.

    - Rentrons, si tu le veux bien.

    Chapitre 3

    J’ai hoché la tête, il a attrapé ma main, et alors qu’il nous protégeait toujours avec son parapluie, nous avons repris le chemin de la grande bâtisse bleue inondée de lumière.

    Je grelottais de froid, mes vêtements étaient mouillés et je me sentais extrêmement honteuse de mon dernier acte. Mon portable s’est mis à sonner dans ma poche, c’était certainement Irvin, une boule s’est formée au creux de mon ventre.

    - Tout va bien bella, c’est la seconde fois que je t’appelle.

    - Oui… oui

    - Tu trembles ?

    - Je… je… suis mouillée…

    - Qu’est-ce que tu faisais ?

    - J’ai dû… courir chercher… Némésis sous la… pluie.

    - Va prendre une douche chaude, ça passera plus vite. Je t’aime.

    - Moi aussi, je… t’aime…

    Chapitre 3

    J’ai raccroché, Kieran avait disparu des parages, je n’ai même pas osé dire à Irvin qu’il n’était pas encore parti… Dans quel merdier je me foutais encore ?

    - Va prendre un bain, j’ai fait couler de l’eau chaude.

    Je l’ai regardé, choquée par sa gentillesse, il n’avait pas vraiment changé, il soufflait toujours le froid et le chaud, et on ne savait pas à quel Kieran se fier. J’ai marché à pas de fourmi jusque dans la salle de bain, la buée avait envahi la pièce, l’eau était chaude et parfumée à la fraise, ça faisait des années que je n’avais pas utilisé ces sels de bain.

    En quelques minutes, mon corps semblait s’être réchauffé, j’ai attrapé une serviette et je me suis enveloppée dans mon peignoir puis je suis sortie pour rejoindre la cuisine, me chercher un thé bien chaud. La maison était plongée dans le noir, sauf dans le salon, la lumière crépitait et le son distinctif de la cheminée était très clair. J’avançais précautionneusement vers l’endroit, Kieran était assis devant le feu, il était certainement en train de se réchauffer lui aussi, et étendu près de lui, Némésis paressait elle aussi. Il m’a vu et a tendu la main vers moi.

    - Viens t’asseoir, ça te réchauffera un peu.

    Chapitre 3

    C’est sûr que près de lui et de la cheminée, ce serait plus efficace que mon idée de me faire un thé. Cependant, je n’étais pas certaine de vouloir franchir ce pas.

    Soléa, je ne vais pas te mordre, c’est promis !

    Il a levé les yeux au ciel et je n’ai pas pu m’empêcher de rigoler. Je me suis baissée pour me mettre à côté de lui, mais il m’a attrapé pour me caler entre ses jambes, m’enserrant de ses bras nus. Je n’avais plus froid, j’étais bien, j’avais la sensation de revivre, jusqu’à ce que sa bouche commence à se promener dans ma nuque.

    Kieran, tu avais promis…

    - Oui, de ne pas te mordre, pas de t’embrasser. Tu sens les bonbons à la fraise et ça me donne toujours autant envie de te manger.

    - Arrête, je ne peux pas faire ça…

    Chapitre 3

    Je voulais me dégager de ses bras, mais il me serrait tellement fort que je n’arrivais pas à m’en défaire. Je m'apprêtai à râler, mais il a pris les devants.

    - Arrête de te débattre Soléa, j’arrête, reste, s’il te plaît…

    - Je ne sais pas si je peux te faire confiance.

    Il relâchait doucement son emprise et je restais assise devant lui, sans bouger, mais son aura m’enivrait et je sentais que je ne pourrais plus y résister bien longtemps. Même au bout de dix ans, il arrivait encore à faire de moi cette petite chose dopée à son pouvoir de séduction.

    - Je vais aller me coucher.

    J’avais peur qu’il ne veuille pas me laisser partir, au contraire, il n’a rien fait. Némésis s’est levée pour me suivre, comme à son habitude. Kieran se contentait juste de me regarder, la lueur de la cheminée le rendait encore plus beau. Je me suis mordue la lèvre inférieure pour éviter d’avoir envie de l’embrasser et je l’ai salué.

    - Bonne nuit Kieran.

    Chapitre 3

    Il ne m’a pas répondu et j’espérais sincèrement que mon regard ne m’avait pas trahi. La chienne a retrouvé son tapis pour s’y réfugier et moi, assise contre la porte, j’attrape mon portable pour me mettre un peu de musique, mon flow attaque avec une musique que je traîne depuis des années dans mes playlists« Je mourrais pour être là où tu es »« chaque nuit, je rêve que tu es toujours là »« quand je me réveille, tu disparais »… J’écoutais cette chanson en boucle pour lui, et aujourd’hui, il est dans la pièce d’à côté et je ne peux même pas aller le rejoindre.

    Ça fait mal. Mon cerveau me dicte une conduite à tenir, mais mon cœur voudrait suivre son propre chemin, un chemin semait d’embûches auquel il a déjà fait face il y a dix ans.

    À la fin de la musique, je coupe mon portable et je me lève, il faut que j’aille me coucher, ça ira mieux demain… Demain est un autre jour, et la nuit porte conseil…


     

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