Je m’étire dans mon grand lit désespérément vide depuis des mois, mais ce matin, je suis de meilleure humeur. Le baiser que j’ai échangé avec Kieran la veille me donne un peu d’espoir. Sa cervelle de moineau a peut-être décidé de m’effacer, mais une part de lui ne m’oubliera jamais. J’ai réussi à le faire craquer deux fois, je réussirais à le faire craquer une troisième fois. 

Je m’habille avant d’aller chercher mon petit monstre pour le déjeuner, mais il n’est pas dans son lit. Je descends et le trouve avec son père dans la cuisine, je m’approche pour embrasser la tête chevelue de Jayden et résiste à mon envie de posséder les lèvres de Kieran.

- Salut ! 

- Salut !

Il me sourit sincèrement et je décide de m’éloigner avant de laisser mon envie se réaliser. Kieran a l’air si épanoui, et pourtant, il ne se souvient même pas de nous. Je me sers un café bien corsé avant de les rejoindre à table.

- J’ai rêvé de Jayden hier soir !

- Ah bon ?

- Oui, il était si petit et si fragile dans un pyjama bleu, j’imagine que c’est parce que je me demande comment il était il y a quelques mois.

Je le fixe sans bouger et il arque un sourcil interrogateur. 

- Ce n’était pas un rêve, mais un souvenir. Jayden avait un pyjama bleu son premier soir, tu étais penché au-dessus du berceau et tu me disais regarder la deuxième merveille du monde…

- Tu crois que je suis en train de retrouver la mémoire ?

- Petit à petit ça reviendra… même si ça prend du temps. 

Trop de temps pour moi, j’ai besoin de le retrouver, il me manque, mais j’attendrais le temps qu’il faudra, une vie entière pour qu’il me revienne. 

Ma mère nous rejoint et s’installe avec nous, je vois le voile de tristesse dans ses yeux, c’est la première fois qu’elle nous voit tous réunis chez elle, comme une famille, même si Kieran n’est plus vraiment lui-même. Les garçons finissent par s’éclipser en rigolant, Kieran chatouillant Jayden. 

- Kieran est vraiment heureux, Jayden lui fait du bien.

- Je sais, il a commencé par avoir une bribe de souvenirs de lui bébé, mais il ne se souvient toujours pas de moi… pas de la bonne façon…

- Cela viendra ma chérie. Je vais rejoindre mes copines du club de peinture pour la journée, profites-en pour jouer de tes charmes, Kieran est un homme et les hommes sont faibles ! 

Je ris avant qu’elle ne parte se préparer. Je range la cuisine et je vais retrouver mes deux hommes, ils sont en train de jouer, je ne fais pas de bruit et je pars prendre une douche et m’habiller un peu plus sexy, ma mère a raison, je vais jouer de mes charmes. 

Je prépare en avance le repas pour midi et Kieran déboule dans la cuisine fraîchement sorti de sa douche. Il est séduisant comme à son habitude. Il m’examine prudemment.

- Jayden s’est endormi… je vais aller… faire un tour avec Némésis.

Dans une synchronisation parfaite, Némésis et Kieran rentrent quand j’ai fini. Il a l’air perdu dans ses réflexions, il passe derrière moi pour se laver les mains.

- Où est ta mère ?

- Partie rejoindre des amies du club de peinture. 

Il ne répond rien de plus. Je sors de la cuisine quand je me retrouve coller contre un mur, le torse de Kieran pressant mon dos.

- Je ne sais pas ce que je fais… ton parfum, il… tu sens les bonbons à la fraise et…

- Et ça te donne envie de me manger ? 

Il se tend dans mon dos, surpris que je sache exactement ce qu’il ressent, mais ce n’est pas comme si c’était la première fois. 

- Je ne peux pas faire ça, je n’arrive à te voir que comme la petite Soléa que j’ai vu grandir, comme une sœur…

- Laisse-moi te montrer cette facette de moi que tu as oublié alors… 

Kieran relâche doucement sa prise sur mon bras et je me retourne, il change son bras d’appui et attrape doucement mon menton.

- Ferme les yeux et laisse-moi te faire ressentir ce que tu as ressenti hier soir, laisse-moi te montrer à quel point je t’aime, à quel point tu me manques autant que je te manque.

Les yeux fermés, sa bouche s’avance délicatement de la mienne, il s’arrête quelques secondes avant de se résoudre et de m’écouter. La douceur de ses lèvres me fait fondre, je suis sur le point d’approfondir notre étreinte quand Jayden m’appelle à l’étage. 

À regret, notre baiser s’achève ici, les pupilles de Kieran sont noires de désir, il ne se souvient peut-être pas de nous, mais il est doucement en train d’oublier la petite sœur qu’il voit en moi.

Je laisse Kieran dans le couloir et vais rejoindre notre fils. Nous passons le reste de la journée à faire comme si ce moment n’était jamais arrivé. J’ai presque l’impression d’avoir fait ça pour rien, je pensais qu’il aurait envie d’avantage, au lieu de ça, il fait comme si je n’existais pas. 

Avant de dormir, je m’installe sur mon lit avec un bouquin, j’en lis quelques chapitres et Kieran entre dans ma chambre sans se donner la peine de toquer. 

- Kieran ? 

Il s’approche du lit et tire mes deux pieds vers lui, un cri de surprise s’échappe de ma bouche et je lâche mon livre par terre. Il m’embrasse séance tenante et je me laisse guider par son interruption inopinée. 

- Soléa, je n’éprouve toujours pas ce que tu espères, mais tu es la mère de mon fils et quelque chose me pousse à venir vers toi… 

- Alors continue. 

Il ne m’aime peut-être pas, ne se souvient toujours pas de moi, mais il est dans ma chambre et je ne vais pas laisser cette occasion m’échapper. 

Kieran me fait reculer un peu sur le lit, tenant mon poignet d’une main. J’ai chaud et je suis déjà excitée rien qu’à l’idée d’être de nouveau dans ses bras.

- Tu crois qu’elle va me charcuter ?

- Qui ?

- La fille avec qui s’est compliqué ! 

J’éclate de rire en repensant à ce que je lui ai dit en sortant de l’hôpital. 

- Non ! Promis, je te protégerais ! 

Il me sourit. Il semble stressé, c’est tellement mignon. Je décide de prendre les commandes. 

- Laisse-toi faire…

Je le déshabille en commençant par son t-shirt, laissant ma langue courir dans sa nuque, sur son torse puis je lui retire son pantalon et son caleçon. Je me penche pour le goûter avec ma langue, un soupir de plaisir se fait entendre dans le silence de la pièce.

- Bon sang, arrête-toi Soléa avant que je ne réponde plus de rien.

Je souris, contente de l’effet que je lui fais, il embrasse mon cou et caresse mon corps par-dessus mon peignoir qu’il s’apprête à retirer.

- Attends !

- Quoi ? Je m’y prends mal ?

- Non, ce n’est pas toi, c’est moi… tu sais mon corps n’est plus aussi parfait qu’autrefois…

- Ben ça tombe bien, parce que je ne m’en souviens plus ! Et puis je crois que c’est un peu de ma faute si ton corps est comme il est, tu as porté mon fils ! Je suis sûre que tu es parfaite.

Il s’empare de ma bouche avant de me faire quitter mon habit et promène sa langue sur ma poitrine et ses doigts à l’endroit le plus humide de mon corps. Mon corps est tellement tendu de ne pas avoir était touché pendant tellement de temps, que je jouis presque immédiatement. 

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Malgré mon stérilet, je prends un préservatif dans ma commode, avec Kieran, je préfère me méfier maintenant, ce n’est pas du tout le moment de faire un petit frère ou une petite sœur à Jayden. 

Kieran reprend les commandes en se positionnant au-dessus de moi, ne lâchant à aucun moment mon regard, il va et vient en moi de plus en plus vite. La sueur perle sur son corps et ses bras, contractés pour ne pas m’écraser de son poids, me rendent un peu plus folle de lui.

- Kieran, je sens que ça vient, continue…

Nos bouches se retrouvent et lorsque je sens l’orgasme monter en moi, j’enfouis ma tête dans sa nuque pour masquer le cri puissant que je pousse. Kieran grogne à son tour avant de s’effondrer sur moi puis de rouler pour ne pas m’écraser et retirer la capote.

Le bien-être que je ressens est de courte durée quand je me demande ce qu’il va faire après ce moment. Est-ce qu’il va encore attendre que je m’endorme pour s’éclipser ou est-ce qu’il sera moins gentleman que ça ? Je me tourne vers lui et je me rends compte qu’il s’est endormi, je soupire d’aise et je m’accroche à son corps chaud pour trouver, moi aussi, le sommeil.

_Kieran. 

Il fait encore noir, mais c’est la chaleur qui me pousse à ouvrir les yeux, et pour cause, nous sommes en plein milieu du mois d’Août et Soléa est agrippée à moi comme si j’allais m’enfuir. Je suis un peu désorienté, mais je me remémore vite la nuit dernière. Je ne sais pas trop ce que j’ai fait, ça m’a plu, mais c’était bizarre. Je prends un moment pour la regarder, elle a l’air si paisible, je pousse une mèche de ses cheveux qui tombe sur son visage.

Je me dégage de son étreinte pour me rhabiller, il me faut boire de l’eau avant de me dessécher et j’ai vraiment besoin d’aller prendre un peu l’air pour me rafraîchir. 

Je respire à pleins poumons l’air iodée qui flotte autour de moi, j’ai une migraine qui me surprend tout à coup, elle me plie presque en deux tant c’est douloureux. J’ai un flash de Soléa elle m’embrasse de la même façon qu’il y a deux jours, mais elle est plus jeune, elle a les cheveux plus longs. Et la migraine part comme elle est venue. Un souvenir qui décide de revenir. Je me souviens de sa bouche, son goût de whisky sur sa langue.

Je décide de rentrer, je pourrais retourner dans ma chambre, mais j’ai peur de la blesser en faisant ça. Je regagne sa chambre en marchant sur la pointe des pieds et en ne faisant pas de bruit. Je l’entends renifler discrètement, est-ce qu’elle est en train de pleurer ? Je monte sur le lit près d’elle.

- Hey, qu’est-ce que tu as ? 

- Kieran ? 

Ses deux yeux embués me scrutent, elle est un tantinet surprise.

- Pourquoi tu pleures ? 

- Rien, c’est stupide… 

- Dis-moi !

- Je pensais que tu étais reparti dans ta chambre… en même temps à quoi je peux m’attendre, tu ne te souviens même pas de moi, tu n’as pas de sentiments envers moi, je ne peux pas t’obliger à faire semblant…

Je peux sentir la peine qu’elle ressent. C’est vrai, je n’ai pas les sentiments aussi fort qu’elle espère, mais j’ai de l’affection pour elle. Je n’ai pas envie qu’elle se pose mille questions, je pose ma bouche sur la sienne.

- Tu ne m’obliges à rien Soléa, continue de faire ce que tu fais, je suis certain que ça va me revenir.

Je l’embrasse de nouveau et mon corps réagit de lui-même à se baiser. Elle n’a peut-être pas su réveiller encore les sentiments en moi, mais en tout cas mon enveloppe corporelle est totalement en phase avec Soléa. Je l’attrape pour la poser sur moi.

- Mon corps réagit automatiquement au tien, tu crois que je fais semblant ? 

Elle m’embrasse passionnément, me faisant perdre pied, elle est complètement nue sous son peignoir de chaperon rouge, ce qui va grandement me faciliter l’accès à ce que je veux. 

J’ai à peine sondé son entre-jambe moite avant de baisser juste ce qu’il fallait mon caleçon pour la prendre sur-le-champ. J’essuie les larmes sur ses pommettes avant de capturer sa bouche. Je lui laisse totalement le contrôle de ce qu’elle fait, elle gémit et ses joues rougissent de plaisir, elle est vraiment bandante comme ça. Il n’est plus question de petite sœur, Soléa est une femme, une femme vraiment attirante. 

Je la sens sur la fin, elle se contracte et jouit presque en silence, il m’en faut plus, je récupère les commandes. Je la retourne et la plaque sur le lit pour la posséder plus profondément. J’enserre avec passion son cou. 

- Je veux t’entendre faire plus de bruit…

Je n'ai pas besoin de le lui dire deux fois, elle est plus expressive, mais fait attention à ne pas être trop bruyante non plus pour ne pas réveiller Jayden qui dort dans la chambre d’à côté. 

Quelques coups de reins plus tard, et je m’écroule sur son dos, exténué. J’embrasse sa nuque avant de la libérer. Elle va dans la salle de bain et revient la mine contrite.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Rien, c’est juste qu’on ne s’est pas protégé malgré le stérilet, je n’ai pas du tout envie de retomber enceinte… 

- Hey, tu sais ce qu’on dit ?

- Quoi ?

- Que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit ! Viens là maintenant, au lieu de te poser trop de questions !

Elle me rejoint, un peu moins soucieuse et je n’ai besoin que d’une minute pour m’endormir.

Dans mon sommeil, j’entends une petite voix crier ce qui ressemble à un « maman », j’ouvre les yeux et Soléa ronfle à côté de moi, je ne peux pas m’empêcher de sourire. Je me lève en vitesse pour aller trouver Jayden. Je le change et retourne dans la chambre près de sa mère, qui dort toujours. 

- Tu vois mon grand, ta mère ronfle comme un moteur, mais c’est vrai qu’elle est jolie !

Je l’ai laissé se reposer et je suis descendu avec Jayden, Alice était déjà réveillée, nous avons profité du petit-déjeuner tous les trois. 

Le week-end touchait à sa fin, ils devaient rentrer, mais il était hors de question que je reste ici comme un infirme, je suis parti avec les deux personnes qui avaient vraiment besoin de moi. Je m’occupais de Jayden pendant que Soléa était à sa boutique de fleurs et quand elle rentrait, on avait l’air d’une famille normal, sauf qu’on avait aucun contact physique, plus depuis que je l’avais rejoint dans sa chambre dans la maison bleue. 

Ici, je dormais sur le canapé, ce qui me paraissait normal vu la situation, malgré que son corps soit une tentation permanente et ambulante.

Parfois, j’avais des flashs de souvenirs qui me revenaient, mais ils n’étaient pas forcément de Soléa, il y avait la guerre, des blessés, une vie à m’occuper des plus démunis… et puis il y avait d’autres filles parfois. Je n’avais pas dit à Soléa que certaines choses me revenaient, car je n’avais pas envie de la bercer d’espoir inutilement.

- Pourquoi tu t’obstines à dormir sur ce canapé ? 

Sa petite voix accusatrice m’a sortie de mes pensées. 

- Parce que c’est la meilleure chose à faire !

- Sûrement pas pour ton dos…

Si c’était seulement pour mon dos… j’ai ravalé mes pensées salaces avant de parler.

- Mon dos va très bien. 

- Et bien, il irait encore mieux si tu te décidais à venir dormir là-haut.

Elle a levé les yeux au ciel, je trouvais ça sexy. 

- Je n’ai pas envie que tu te vois comme un plan cul, donc je préfère dormir ici, d’accord.

- Un plan cul ? Ça fait des semaines que tu ne m’as pas touché… je ne vois pas comment je pourrais penser ça…

- Justement… c’est parce que je dors sur ce canapé.

J’ai tourné la tête pour regarder ailleurs, un peu honteux de ce que je venais d’avouer, elle avait le sourire aux lèvres, elle s’est approchée pour se mettre à califourchon sur mes jambes.

- Très bien, je vais rester sur ce canapé avec toi alors ! 

Soléa murmurait doucement dans mon oreille avant de l’embrasser, le reste a réagi au quart de tour.

- Tu es si enivrante… je comprends pourquoi cette autre version de moi a craqué sur toi à présent… 

- Et cette version-là ?

- Elle demanderait à être encore un peu convaincue, je pense ! 

Ce soir-là, elle m’a convaincue sur ce canapé, dans les escaliers, contre sa porte, et même dans le lit. 

J’étais à bout de force, complètement épuisé et Soléa aussi. J’ai dormi avec elle, comme elle le voulait, elle avait raison, on était bien mieux dans ce lit que sur le canapé. Soléa s’est endormie presque instantanément et je l’observais attentivement. 

J’ai embrassé sa joue encore rougie et j’ai murmuré à son oreille :

- Je crois que cette version de moi t’aime aussi…

Je me suis endormi après ça. Ma vie s’est mise à défiler devant moi comme un vieux film. Tous les souvenirs d’une vie se remettaient en place, le bruit d’une détonation et la douleur dans ma chair m’ont sorti de mon sommeil.

- Soleil !

Il faisait déjà jour, elle était partie à sa petite boutique et moi, je me réveillais d’un sommeil de presque un an, j’avais vécu deux vies dont je me souvenais parfaitement maintenant. 

Cette femme était vraiment exceptionnelle, elle avait réussi à me faire tomber amoureux d’elle plus de fois qu’il n’aurait fallu. Cette fois-ci, je ne laisserais plus rien, ni personne se mettre entre nous, il était hors de question que je la perde encore une fois. 

Quand je suis partie ce matin, Kieran dormait encore. Il faut dire que je l’avais épuisé la nuit dernière, j’ai moi-même eu du mal à me lever, mais repenser à ses caresses me redonnait du pep’s. Il n’était peut-être toujours pas le Kieran d’avant, mais il était toujours en vie et près de moi et Jayden, je ne pouvais rien demander de mieux. 

J’avais passé une grosse journée, les gens s’arrachaient mes compositions pour aller fleurir les tombes de leurs défunts parents ou amis. C’est le cœur lourd que je savais que je n’aurais pas le temps de le faire aujourd’hui, mais que demain, j’irais fleurir la tombe de mon père et de mon beau-père. Kieran m’accompagnerait peut-être… il n’aimait pas trop évoquer Sam et sa disparition, chacun réagissait à sa manière face à la mort. 

Il faisait nuit, froid et la pluie commençait à tomber quand je suis arrivée à la maison, elle était plongée dans le noir et pas un bruit ne venait casser ce silence angoissant. J’ai allumé les lumières et Némésis s’est levée de son panier pour venir se faire câliner. 

- Les garçons, vous êtes là-haut ? Je suis désolée, je n’ai pas vu l’heure passer.

La seule réponse qui est parvenue à mes oreilles était la roue du hamster. Un faible frisson s’est emparé de moi. Je m’apprêtais à monter, après m’être débarrassée de ma veste, quand deux mains chaudes sont apparues sur mes yeux. Je reconnaissais le parfum de Kieran, et pourtant cela ne m’a pas empêché de légèrement sursauter.

- Devine qui c’est ! 

- Kieran ! À quoi tu joues ? Tu m’as fait peur. Où est Jayden ?

- Il dort ! 

Il avait toujours ses mains posées sur mes yeux, je me demandais ce qui pouvait bien lui arriver tout à coup. 

- Tu comptes me relâcher un jour ? 

- Si je te relâche, tu promets de rester sage et de ne pas te retourner ?

Je me suis mise à rigoler ! Tout ceci n’avait aucun sens, mais je me laissais embarquer dans le petit jeu auquel il voulait jouer.

- Promis !

Il a baissé les mains et a encerclé ma taille avec douceur, il a soupiré avant de parler.

- J’ai pleins de choses à te dire Soléa, je ne sais pas par où commencer…

Un léger vent de panique a parcouru mes veines et puis j’ai repris confiance en moi, ce qu’il avait à me dire ne devait pas être si terrible.

- Commence par le début alors ! 

- Je voulais te dire merci ! Merci pour t’être occupé de moi sans avoir bronché alors que j’étais un imbécile d’adolescent incapable de faire autre chose que de te blesser. Merci de ne pas m’avoir abandonné. Merci pour Jayden, il est si parfait, si attendrissant, si aimant… un véritable bonheur au quotidien, je ne pensais pas que c’était possible. Merci d’être toi, douce et merveilleuse…

- Kieran arrête, tu me fais pleurer… 

Les larmes coulaient sur mon visage sans retenue, ce qu’il disait était beau et j’avais presque l’impression qu’il était en train de me faire ses adieux, ça m’a déchiré le cœur. 

- Ce n’est pas grave si ce sont des larmes de bonheur ! 

- Je ne sais pas, tu es en train de me dire au revoir là ?

- Quoi ? Pas du tout ! Je veux juste te dire que je t’aime Soléa !

Mon cœur a explosé dans ma cage thoracique et les sanglots se faisaient plus denses. J’ai voulu me retourner pour l’embrasser, mais il m’en a empêché. 

- Je n’ai pas fini impatiente ! Si je te laisse te retourner, tu garderas tes yeux fermés ?

J’ai secoué la tête pour un oui et j’ai fermé les yeux. Je pensais que ses lèvres allaient rejoindre les miennes, au lieu de ça, il me câlinait et a saisi mon bras de façon à me faire tanguer dans un balancement lent de la gauche vers la droite qu’il faisait avec ses pieds. 

- Beaucoup de choses me sont revenues en mémoire ses dernières semaines, je ne t’en ai pas parlé parce qu’aucun de ses souvenirs me rappelait que je t’avais aimé… et je ne voulais pas te faire de peine, mais en réalité, je n’avais pas besoin de ça pour t’aimer à nouveau, j’avais juste besoin de toi. 

- Je t’aime aussi, tellement… je suis désolée de ce qu’il t’est arrivé, tout ça c’est de ma faute… 

- Ne dis pas de bêtises ! J’aurais dû tenir tête à mon père et revenir pour toi tout ceci ne serait jamais arrivé et on vivrait heureux depuis longtemps déjà, au lieu de quoi, notre vie est un véritable roman à sensation. 

Il a doucement embrassé ma tempe tout en continuant à me faire danser.

- Tu peux ouvrir les yeux si tu veux ! 

Ma vue était légèrement floutée à cause de mes larmes que j’ai essuyé d’un revers de main, j’ai cligné des yeux pendant une demie seconde avant de pouvoir parler.

- Tes cheveux ! Tu as coupé tes cheveux !

- Je viens de lui dire que je l’aime et elle me parle de mes cheveux ! Tu es la femme la plus incroyable que je connaisse !

- Tu les as coupés comme quand… 

- Comme quand j’étais tout simplement moi ! Parce que peu importe ce qu’il m’arrivera, Soléa, Soléa, mon soleil, il n’y a que toi…. 

J’ai dû avoir l’air d’une imbécile à le fixer comme s’il avait un troisième œil. Et puis j’ai compris.

- Tu as retrouvé ta mémoire ? Tu te souviens de tout ? 

- Oui ! Ce matin au réveil, pouf, comme un éclair de génie ! 

- Oh mon dieu, c’est toi, c’est réellement toi…

Je lui ai sauté dessus en le serrant fort dans mes bras, il était de retour, celui avec qui j’avais traversé un tas d’épreuves, il se souvenait enfin de notre histoire.

- Doucement, tu vas m’asphyxier à me serrer si fort ! 

- Pardon !  

Ma bouche a trouvé la sienne, passionnément, brutalement, comme s’il revenait d’une longue mission alors qu’il y a à peine 24h j’étais dans ses bras, en sueur et pantelante. J’avais envie de recommencer. Je l’ai traîné jusqu’au canapé.

- Tu en veux encore ? La nuit dernière ne t’a pas suffi ? 

- Ce n’était pas toi…

- Ça a toujours été moi mon soleil ! Mais tu sais que je ne peux rien te refuser !

Il m’a fait basculer sur les coussins avant de voler mes lèvres amoureusement puis de picorer mon cou férocement. 

- Je t’en supplie ne me laisse plus jamais…

- Jamais mon soleil… 

Savoir qu’il était de nouveau lui m’enflammer plus que de raison, j’étais de nouveau une véritable torche humaine, prête à mettre le feu à toute la maison.

Je me suis retrouvée nue sous son regard de braise et je me sentais gênée… avant il ne se souvenait plus de moi, maintenant il pouvait comparer ce que mon corps était devenu.

- Reviens avec moi, Soléa ! À quoi tu penses ?

- Rien, c’est juste que maintenant, tu peux mesurer l’ampleur des dégâts sur mon corps…

- Et tu as honte ? 

Je n’ai pas répondu, je n’avais pas spécialement honte, j’étais juste gênée…

- Est-ce que tu as honte de m’avoir donné un fils ? 

- Bien sûr que non ! 

- Alors, n’est pas honte que ton corps ait changé, il est parfait comme il est, il te rappelle l’amour qu’on se porte, assez pour construire notre propre famille ! Et crois-moi mon soleil, je suis prêt à te faire d’autres enfants !

J’ai souri, il était parfait, si réconfortant. L’instant d’après, tout était oublié, la bouche de Kieran faisait encore des merveilles sur mon corps jusqu’à m’en faire perdre la tête.

Dans ses bras, alors qu’il me ramenait à notre chambre, je profitais de sa douce chaleur. Il m’a posé sur le lit et nous nous enlacions amoureusement. Main dans la main, les yeux dans les yeux, j’étais sur mon petit nuage.

- Je t’aime Soleil ! 

- Je t’aime aussi Kieran ! 

Alors que nous nous apprêtions à nous endormir, bercer par la douce euphorie de l’orgasme, la petite voix triste de Jayden est parvenu jusqu’à nous. J’ai rouvert les yeux et j’ai balancé dans un soupir de fatigue :

- Je t’assure qu’on va attendre un petit moment avant de faire d’autres gosses ! 

Kieran a rigolé, bien que ce ne fût pas une blague. Je me suis levée et j’ai enfilé un peignoir pour aller calmer notre bout de chou. Dans l’embrasure de la porte de sa chambre, Kieran nous regardait avant de nous rejoindre. Passant ses deux bras autour de nous, nous étions enfin une famille complète et heureuse. 

FIN.

Je vous invite à lire l'épilogue et les remerciements ! 

Je remercie évidemment, tout les créateurs de CC, surtout des poses ! 

Et aussi et surtout remercier TOUS mes lecteurs !!! Vous avez été encore plus nombreux sur cette histoire et je veux juste vous dire un gigent-énormissime MERCI !!!! 

 La fameuse maison bleu de la famille Jones est la sublime Whitewater Estate de AvelineYT dispo sur la galerie !

Chapitre 2 - Partie 1, le lycée est le High School de Miker2209 dispo sur la galerie. 

Chapitre 3 (41/42/43) - Partie 1, le squat est le Squat du quartier du Nonogaga0 dispo sur la galerie.

Chapitre 1 (8) - Partie 2, l'appartement de Soléa & Irvin est le 122 maison Hakim du jeu (si je ne me trompe pas !)

Chapitre 2 (7) - Partie 2, le cimetière est le Sims Cemetery de JanySims4 dispo sur la galerie.

Chapitre 9 - Partie 2, la boutique de fleurs de Soléa est Flower Shop de Babylo5 dispo sur la galerie.

Chapitre 9 (10/11/12), la maison de vacances de la famille est la magnifique Maison sur la presqu'île de Sophie13013 dispo sur la galerie. 

Chapitre 13 (14/15/17/20/21) - Partie2, la maison de Soléa & Kieran est la First pet house de CassiopeaFlouf dispo sur la galerie. 

Chapitre 14 (15/16/17) - Partie 2, l'hôpital est le Seattle Grace Hospital de Viv895 dispo sur la galerie.

Après cette histoire, il est temps pour moi de faire une petite pause ! Ne m'oubliez pas ! =D 

L'inspiration et l'écriture ne se planifie malheureusement pas ! J'espère avoir de nouveau du temps et de l'inspiration pour me remettre dans la course ! ^^ 

Pour être au courant de tout, il suffira de passer sur mon portail en vous abonnant à sa newsletter ou, à défaut, sur le forum S4fr ou sur mon Facebook spécial Sims !!
(Vous pouvez m'ajouter, en cas de compte perso, je me désabonne de vos profils ;) )

En attendant vous pouvez toujours lire (ou relire)  « Ma vie rêvée »,  « War of hearts », « 12 Mois »  et  « Vies entrelacées » ! 

MERCI !

Le temps avait défilé comme un train lancé à grande vitesse. Certaines choses demeuraient toujours les mêmes et puis certaines avaient grandement changés depuis ces années. Moi, j’étais presque toujours la même, mais avec des printemps de plus, des soucis en plus et des êtres chers en moins. Perdre mon père avait été un si grand drame dans ma vie que je ne pensais pas que le pire pouvait encore arriver. Des années après Sam, j’ai perdu ma fidèle amie, Némésis, elle s’est éteinte tranquillement, après m’avoir suivi pendant près de 12 ans emmenant avec elle une partie de mon cœur… Et pour refermer la série noire, mon âme sœur, ma confidente, ma propre mère a fini par me quitter, elle aussi, il y a deux mois. 

Je porte encore le deuil malgré le temps qui passe et le soleil qui brille haut dans le ciel. Assise, le regard dans le vide, je repense à ma vie.

- Jayden, non ! Arrête ! 

- Tu m’as cherché, tu m’as trouvé !

- Pose-moi immédiatement ! Oh, bonjour madame Jones ! Jayden pose-moi !

Je réponds de la main à Camélia qui se trouve en mauvaise posture sur l’épaule de Jayden.

- À l’eau, à l’eau, à l’eau… 

Apparaît juste derrière Kameron et Anton qui crie à l’unisson. Le sourire qui apparaît sur mes lèvres me fait du bien moralement. Voir les enfants pleins de vie ne peut que me donner du baume au cœur. 

Muffin, notre nouveau partenaire canin déboule en trombe près de moi, Kieran nous rejoint. Mon sourire s’étire encore. Si on m’avait dit que je pouvais tomber amoureuse de la même personne plusieurs fois, je n’en aurais pas cru une seule parole, mais c’est vrai. Il me suffit de regarder cet homme pour à nouveau avoir 17 ans et tomber sous son charme une nouvelle fois. Lorsque Kieran avait promis de me faire d’autres marmots, il ne plaisantait pas. De notre amour, sont nés cinq magnifiques enfants, Jayden, Kameron, Uriel, Ozias et notre petite dernière Athénaïs. Ils remplissent nos cœurs de bonheur chaque jour. 

- À trois contre cette pauvre fille, vous n’avez pas honte !

Les garçons rigolent de plus belle et un beau « plouf » retentit quand Camélia est jetée dans la piscine.

- Très convainquant cher mari ! 

- Tu as dit quelque chose mon Soleil ?

Kieran me lance un regard digne d’un ado en rut, le voilà qu’il recommence. Il ne changera jamais. 

- N’y penses même pas ! 

- À quoi donc ?

- Tu sais très bien ! Kieran on a passé l’âge de faire ça !

- Ah bon ? Qui donc a dit que j’étais trop vieux pour faire rire ma femme ?

- Je ne ris pas du tout !

Je m’apprête à m’échapper, mais Kieran a toujours été plus rapide que moi à ce petit jeu. Évidemment, je me mets à rigoler, même si je tente de rester sérieuse. 

- Repose-moi Kieran ! 

- Je suis pour la solidarité féminine, il faut donc que tu rejoignes Camélia !

- Kieran, ne fais pas ça ! 

Je proteste en vain, je me retrouve moi aussi dans la piscine. Mon cher et tendre me rejoint deux secondes plus tard en éclaboussant tout le monde. Ses lèvres rencontrent les miennes dans un chaste baiser qu’il approfondit un peu plus.

- Beurk ! C’est dégueulasse !! Vous n’avez pas une chambre pour faire ça ?

Jayden nous coupe dans notre élan ce qui fait beaucoup rire Kieran.

- Dit-il ! C’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité ! 

Camélia rougit tellement qu’elle vire à la tomate et Jay se contente de lever les yeux au ciel. Je pousse Kieran pour qu’il sorte de l’eau.

- Allez, viens, on va se sécher ! 

À peine hors de l’eau qu’il approche doucement sa bouche de mon oreille pour chuchoter.

- Je connais un très bon moyen de te réchauffer mon Soleil !

- Seigneur, tu n’es pas sortable ! 

Souriant de toutes ses dents, je craque. Il est toute ma vie, je repense soudainement à notre parcours chaotique.

- Je t’aime ! 

- Je t’aime aussi, et je n’aime pas te voir triste.

Je comprends alors que s’il a agi ainsi, c’était pour me changer les idées, qui étaient bien noires jusque-là. Nous nous sourions comme un accord et il attrape ma main pour aller nous sécher.

Il est presque 22h quand je reviens de la boutique, un après-midi mouvementé, beaucoup de clients et si peu de temps pour rêvasser, je ne vais certainement pas m’en plaindre, mais la fatigue me rattrape. La maison est plongée dans l’obscurité et surtout dans le silence, ce qui est plutôt inhabituel avec cinq enfants, un mari et un chien ! 

- Kieran ! Les enfants ! Vous êtes là ?

Aucune réponse, si ce n’est Muffin qui accourt à mes pieds. Je le caresse doucement. J’avance dans la cuisine et la lueur des bougies éclaire faiblement l’endroit. La table est dressée pour deux, rose et vin sont de sortie.

- Joyeux anniversaire mon Soleil !

- Mais ce n’est pas…

Je m’arrête et réfléchie à toute vitesse. Je me rends compte que c’est lui qui a raison et les larmes ne peuvent s’empêcher de couler à flots.

- Hey, mon Soleil ! Pourquoi pleures-tu ?

- Oh non, mon dieu, Kieran, j’ai complètement oublié notre anniversaire de mariage… quelle genre de femme suis-je ? 

- Le genre de femme que j’ai épousé et dont je suis amoureux ! Arrête de pleurer chérie, je sais que les temps sont compliqués pour toi en ce moment…

- Je suis tellement désolée…

- Ne le sois pas mon cœur !  

J’essuie mes larmes du bout des doigts et respire un bon coup. Kieran sait toujours trouver les mots avec moi.

- Où sont les enfants ? 

- Vendus au plus offrant ! 

J’éclate de rire devant son air si sérieux alors que je sais que le papa poule qu’il est, a plus de mal que moi à se séparer des enfants.

- Les petits sont chez Aurore et Seth et les grands sont sortis, interdiction de rentrer avant au moins minuit ! Enfin, je n’ai pas eu besoin de leur faire un dessin ! 

Il m’enlace tendrement alors que je ris encore et me fait taire d’un baiser langoureux. Sa main me guide à table et il m’installe.

- Dépêchons-nous de manger, j’ai très envie de passer au dessert avant l’arrivée des enfants, et plutôt deux fois qu’une ! 

- Kieran !! Tu parles d’un romantisme ! 

- Tu sais bien que je suis loin d’être romantique et je sais bien que ce n’est pas ce qui t’a fait craquer chez moi !

Nous échangeons un long sourire plein de sous-entendu avant de commencer à manger. Cumulant fatigue et quelques verres de vin, je suis éméchée comme une adolescente. Kieran range les restes dans le frigo et je m’avance d’un pas décidé vers lui.

- Salut, beau brun ! 

- Je crois que tu as trop bu mon Soleil ! 

- Il se pourrait bien en effet ! Dis-moi ça fait une éternité qu’on n’a pas fait ça dans la cuisine !

- Et ça me plaît bien quand tu bois trop ! 

Il me soulève sur le plan de travail, m’enlace tendrement et capture ma bouche avec la sienne, nos langues dansant au rythme de notre désir. Je marque une petite pause.

- Tu ne crois pas qu’on est trop vieux pour faire ce genre de choses ici ?

- Absolument pas ! Je me sens encore frais comme un jeune homme et je compte bien te montrer ça !

L’instant d’après mon haut rejoignait le sol pour que sa bouche dévale dans mon cou, sur ma poitrine, mon ventre, le nid des fruits de notre amour. Son regard amoureux se perd dans le mien.

- Merci mon Soleil, je t’aime.

Je n’ai pas besoin de lui répondre, il sait que je pense la même chose. Ensemble, à jamais, jusqu’à ce que la mort nous sépare. 

FIN.