J’ai passé les deux dernières semaines comme un ermite, enfermé dans ma chambre, je voulais prendre l’air, mais je voulais tomber sur Soléa un minimum. Je me suis quand même faufilé sur la petite terrasse à l’étage et elle était là, en bas, assise sur un canapé. Elle était en train de prendre un peu le soleil, et l’effet de ce dernier sur sa chevelure d’or la rendait comme un bijou brillant de mille feux. Sur ma contemplation, sa mère a débarqué dans mon champ de vision, elle s’est assise et a commencé à lui demander si c’était normal qu’on ne s’entretue pas depuis aussi longtemps. Soléa semblait chercher sa réponse et j’aurais préféré ne pas l’entendre.

- Kieran est juste… il est juste imbu de sa personne, nombriliste et idiot, maman. J’apprécie ce repos.

Voilà donc ce qu’elle pensait de moi. J’ai comme senti un coup de poignard en plein cœur. Moi qui luttais pour rester loin d’elle, et elle, elle pensait que j’étais un connard. C’est vrai que j’étais parfois désagréable, mais malgré tout, je l’aimais bien. Sa copine allait venir ce soir, on allait bien rigoler. 

Elle est arrivée un peu plus tard, je les ai entendus jacasser dans le couloir menant à nos chambres. Une heure plus tard, mon père gueulait d’en bas qu’ils s’en allaient, j’ai entendu Soléa et sa copine descendre. J’ai attendu quelques minutes et moi aussi, j’ai rejoint le rez-de-chaussée. Elles s’installaient sur le canapé. Sa copine, plutôt mignonne m’a apostrophé.

- Tiens, salut Kieran ! Tu veux te joindre à nous ?

Elle me dévorait des yeux, se serait encore plus facile que je ne le pensais ! J’ai jeté un œil à Soléa qui avait l’air de soutenir mon regard pour que je dise non. J’ai souri.

- Ça dépend, vous allez regarder quoi ?

- Film romantique ! 

Est-ce que j’étais prêt à me taper une niaiserie pour faire chier ma demi-sœur ? Je ne sais pas, mais sa copine s’est reprise en voyant ma tête.

- Non, je plaisante, un truc bien gore avec des boyaux partout ! 

Heureusement qu’elle plaisantait. Elle s’est poussée vers Soléa et je me suis assis en bout de canapé. Pendant le film, j’ai commencé à doucement me rapprocher d’elle, ce n’était pas trop compliqué. À force, j’ai fini par l’embrasser. Soléa me jetait des regards assassins. Sa copine était vraiment chaude. J’ai posé ma main sur sa cuisse.

- Hého mon gars, je suis bien d’accord pour t’embrasser, mais ce soir, c’est avec Soléa que je dors alors range ta queue !

Bordel, elle était plutôt directe. J’ai entendu Soléa pouffer doucement. Puis sa copine s’est levée pour aller aux toilettes. Ma sœur me regardait avec insistance.

- Qu’est-ce qu’il t’arrive, miss parfaite ?

Elle me regardait sans dire un mot, je me demandais à quoi elle était en train de penser. Mais moi, je m’amusais bien et c’était le principal.

Aurore est arrivée quelques instants plus tard. Après avoir salué mes parents, nous sommes montés dans ma chambre. Nous sommes passés devant celle de mon demi-frère, elle chuchotait sa question.

- Il est dans sa tanière l’ours ? 

- Sûrement, ça fait des semaines qu’il ne sort plus, je crois qu’il hiberne ! 

- Je te garantis que je ne repars pas d’ici sans avoir embrassé ton frangin !

Sa remarque m’a fait un drôle d’effet, mais on s’est mis à rigoler toutes les deux puis Aurore s’est jeté sur mon lit, je l’ai rejoint. Mais pourquoi voulait-elle faire ça ? Elle était vraiment fada ! 

- Il ne se laissera jamais faire !

- On aura qu’à le saouler et j’abuserais de lui ! 

- Mais t’es complètement folle ! 

- C’est pour ça que tu m’aimes ! 

- Tu sais, j’ai fini un livre y’a pas longtemps, l’héroïne me faisait penser à toi, avec ton côté dark side, elle s’appelait Nyx, ça t’irait tellement bien comme prénom ! 

- Putain ça déchire ! J’adore ! Toi le soleil, moi la nuit, c’est tellement nous ! J’adopte !

Sam criait du rez-de-chaussée qu’ils partaient, nous sommes descendues. On s’installait à peine que mon demi-frère nous a fait l’honneur de sa présence, qu’est-ce qu’il voulait ? Aurore l’a invité à regarder le film avec nous et il a accepté. Puis après, c’est allez super vite, il a commencé à se rapprocher d’elle, à l’embrasser. Wow, mais qu’est-ce qu’il foutait ? Heureusement, Aurore était encore très lucide et l’a rembarré. Il m’a regardait avec insistance. 

- Qu’est-ce qu’il t’arrive, miss parfaite ?

Aurore serait contente, elle n’oublierait pas de jubiler, mais lui, à quoi jouait-il au juste là ? J’aurais voulu me lever et lui foutre une claque. Finalement, il était comme je l’avais décrit à ma mère. Je n’ai pas répondu, j’ai juste haussé les épaules. Aurore est revenue.

- Qui veut un p’tit verre de sky ?

- Ah ouai, vas-y fais péter ! 

Aurore était plus que chaude, moi un peu moins, la dernière fois, je l’avais embrassé. J’ai encore haussé les épaules.

- T’as perdu ta langue soeurette ?

Je détestais qu’il m’appelle comme ça, je l’ai foudroyé du regard, ok, on allait bien s’amuser.

- Vas-y ! Heureusement, cette fois-ci, tu n’auras personne à violenter !

Il s’est contenté de sourire et nous a servi à boire. Au bout de quelques verres, on avait complètement laissé le film et allumé la musique. Aurore avait lancé son rap de nana comme disait Kieran, mais je me trémoussais dessus, moi, sur du rap, c’était n’importe quoi ! 

Entre films, alcool, rap et snaps, j’ai passé une super soirée avec ma meilleure amie, elle commençait à fatiguer alors je l’ai raccompagné à l’étage, enfin Kieran nous a raccompagné serait plus juste.

Soléa s’est contentée de hausser les épaules pour seule réponse. Sa pote est ressortie et la fête allait vraiment commencer, je me suis levé et j’ai proposé de leur servir du whisky. Alors que l’une était complètement partante, l’autre s’est contenté de hausser de nouveau des épaules. 

- T’as perdu ta langue soeurette ?

Elle m’a jeté un mauvais regard avant de répondre. Réponse qui m’avait fait sourire. Je leur ai servi pas mal de verres, alors que moi j’étais juste bien, je voyais les deux donzelles se trémoussaient sur du rap de nana, mais au moins c’était du rap et pas de la techno. Finalement, j’ai fini par les aider à monter dans leur chambre. Je suis redescendu pour tout ranger.

En remontant, Soléa était dans mon repaire. Qu’est-ce qu’elle voulait encore ? 

- À quoi tu joues Kieran ?

- Comment ça « à quoi je joue », je suis comme tu l’as dit, imbu de ma personne, nombriliste et idiot. 

Elle était sans voix, elle ne s’attendait vraisemblablement pas à ce que j’ai entendu leur conversation. Elle s’est avancée légèrement.

- Ce n’… C’est pas du tout…

- Allez, va te coucher, va. Tu n’es qu’une petite conne de toute façon. 

- Quoi ??

- Pe-ti-te co-nne !

J’ai articulé chaque syllabe pour que ça rentre bien dans son crâne de piaf. Je ne m’attendais pas à cette réponse.

- Petite bite !

Oh, qu’est-ce qu’elle n’avait pas dit là. Blessé dans mon ego masculin, j’ai répondu de but en blanc sans faire attention à mes mots.

- Ouai, ben, on verra si tu dis la même chose quand tu l’auras dans la bouche !

Alors qu’elle me regardait avec deux yeux en billes, elle a secoué la tête et m’a bousculé pour sortir de là. Merde, quel abruti. Je l’ai attrapé par le bras et je l’ai ramené à moi.

- C’est pas ce que je voulais dire Soléa…

J’ai embrassé doucement ses lèvres. Elle m’a embrassé à son tour doucement. Je l’ai lâché, l’avoir saoulé n’étais pas du tout la solution. Je m’apprêtais à la laisser partir, mais elle a passé ses bras autour de mon torse. 

- Tu sais, si tu voulais que je t’embrasse de nouveau, tu n’étais pas obligé de me faire boire comme un trou !

Je l’ai regardé par dessus mon épaule, depuis tout ce temps elle s’en souvenait et n’avait rien laissé paraître, j’étais autant énervé qu’effrayer par ce que je ressentais. 

- Tu devrais aller te coucher Soléa. 

Une fois dans la chambre, Aurore s’est jeté sur le lit, en cinq minutes, elle ronflait déjà. J’ai hésité un moment, puis je suis allé dans la chambre de Kieran, il n’était pas là, mais je l’ai attendu. Je voulais savoir à quoi il jouait et quand il m’a répondu exactement ce que j’avais dit à ma mère dans l’après-midi, je me suis sentie si mal. J’ai essayé de m’excuser, mais comme d’habitude, il a enclenché son mécanisme de défense et m’a insulté, j’ai répondu sans réfléchir et je crois que lui aussi. Je l’ai regardé choquée par ses mots. J’ai secoué la tête, je me demandais quand est-ce qu’il arrêterait de se comporter comme un abruti. Je l’ai bousculé pour sortir, mais il a attrapé mon bras et m’a ramené à lui pour s’excuser. Ses lèvres ont touché les miennes, j’en voulais encore alors je l’ai embrassé à mon tour. Dans une phrase, j’ai avoué de très bien me souvenir de notre dernier baiser.

- Tu devrais aller te coucher Soléa. 

Croyait-il vraiment que j’allais m’en aller comme ça ? Je l’ai retourné et je l’ai embrassé passionnément. Il essayait doucement de me repousser. 

- Kieran, j’en ai autant envie que toi… 

- Tu es saoule…

- N’importe quoi, je me souviens très bien de la première fois, j’ai mis mes mains autour de ton cou et je t’ai volé un baiser, j’ai voulu visiter ta bouche et quand ma langue a trouvé la tienne, tu en voulais plus, tu as attrapé ma nuque pour…

- Tais-toi…

J’ai cru qu’il allait me jeter dehors, au lieu de ça, il m’a soulevé pour me plaquer contre sa porte, un petit gémissement m’a échappé et il m’a embrassé, sa langue tournoyant avec la mienne, ses mains sous mes fesses et son érection que je sentais contre moi me rendais folle, j’en voulais plus. 

- Prends-moi Kieran…

Il m’a lâché comme s’il était refroidi, il s’est retourné et s’est avancé vers son lit, il était tourmenté, je me suis approchée de lui.

- Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

- Tu ne vois pas que cette situation est complètement merdique, t’es ma sœur putain de merde.

- Techniquement, ta demi-sœur par alliance ! 

- Techniquement, mon père baise ta mère, ça fait de nous une famille.

- Ma famille, je l’ai perdu en même temps que mon père, Kieran… 

- Désolé Soléa… mais je ne peux pas faire ça… se serait invivable et immoral pour tout le monde.

- Putain Kieran, tu réfléchis trop, je t’ai pas demandé de m’épouser, mais de me baiser !

Il en faisait des tonnes, si je n’étais pas aussi guillerette, moi aussi, je serais sans doute en train de trop méditer, il n’avait pas assez bu décidément. J’en ai eu assez d’attendre, je voulais partir me coucher, mais ma réflexion l’avait fait cogiter plus vite que mes pieds. Il m’a jeté sur le lit et m’a rejoint, j’allais enfin avoir ce que je voulais, Kieran tout entier. 

- Prends-moi Kieran…

J’en avais envie bordel, mais entendre sa douce petite voix me demander ça m’a fait redescendre. Je l’ai lâché et je me suis éloigné. J’étais contrarié et frustré et Soléa qui refusait de me laisser, elle s’est approchée pour savoir ce que j’avais. Ce que j’avais était tout simplement un putain de cas de conscience. 

- Putain Kieran, tu réfléchis trop, je t’ai pas demandé de m’épouser, mais de me baiser !

Je l’ai entendu souffler, puis ses petits pieds nus sur la moquette ont voulu l’emmener loin de moi, je l’ai attrapé et je l’ai jeté sur mon lit. Je retrouvé ma place entre ses jambes. 

- Qu’est-ce que tu veux Soléa ? 

- Toi, Kieran !

- Qu’est-ce que tu veux ?

- Que tu m’embrasses…

Et c’est ce que j’ai fait, je l’ai embrassé, à la naissance de sa poitrine, sur sa clavicule, dans sa nuque, sur son menton et enfin sur sa bouche. Des petits gémissements sortaient. Mon sang battait dans mes oreilles, me contrôler avec elle était d’une extrême complexité. J’ai entendu toquer et une voix grave que je connaissais bien m’a interpellé de l’autre côté de la porte.

- Kieran, tu dors, fils ?

- Putain de merde… va dans la salle de bain…

Soléa s’est levée pour se cacher, j’ai ouvert à mon père. 

- Désolé de te déranger, t’es tout seul ? J’ai entendu des bruits ? 

Ce n’était pas des bruits, c’était des gémissements plus qu’explicite. Il ne pouvait pas y avoir de situation plus humiliante. J’ai soufflé un coup avant de dire ce que je m’apprêtais à dire.

- Je matais un porno, c’est un problème ? Qu’est-ce que tu veux ?

- Aucun problème fils ! Je voulais savoir si ça s’était bien passé ?

- Oui, très. Les filles sont déjà couchées !

- D’accord, bonne nuit… Ne traîne pas trop !

Ouf. Son sourire en coin à l’évocation du porno m’a fait penser qu’il était nostalgique, beurk. Une fois la porte fermée, Soléa m’a sauté dessus, mais j’avais été plus que refroidi, c’est la deuxième fois que mon père a failli nous surprendre dans un mauvais moment.

- Désolée… Je ne pensais pas qu’ils seraient rentrés…

- Voilà pourquoi cette situation est merdique Soléa.

- Je ferais moins de bruit la prochaine fois, mais tes baisers sont divins…

Putain, comment je pouvais lui résister, je l’ai porté et je l’ai ramené sur le lit.

- Si je me contentais de te faire un câlin ce soir… je n’ai pas vraiment envie de me faire choper alors que je n’ai pas encore commencé le plus intéressant ! 

Elle n’a rien dit, mais s’est lovée contre moi, c’était déjà bien, pour commencer quelque chose que je n’étais pas sûr de pouvoir maîtriser complètement.