• _Kieran. 


    Ma journée commence par un bond. Un sursaut incontrôlable et des tonnes de bips qui n’en finissent plus, puis soudain, c’est l’invasion. Des tas d’infirmières et de médecins débarquent comme si j’étais un cobaye. J’ai du mal à respirer, mais l’instant d’après ça va mieux. J’ai mal au torse, ma bouche est pâteuse et j’ai mal à la tête, j’ai comme l’impression d’être un dimanche après une cuite avec Ash, Sam et Drake. Bordel, qu’est-ce que je fous là ? 

    - Monsieur Jones, vous m’entendez ? 

    - Ouai, pas la peine de crier.

    Le vieux veut savoir si je me souviens de mon prénom, savoir quel âge j’ai et en quelle année nous sommes, il est sérieux ? Il n’a pas un portable pour ça ? Je voudrais juste me barrer d’ici et en finir, mais on m’ordonne de rester allongé malgré mes protestations. La seconde d’après l’image est floue et je m’endors. 

    J’entends une voix féminine parler à côté d’une voix plus grave, la voix du vieux de tout à l’heure, je présume, je n’ai pas vraiment eu le temps d’enregistrer. Je n’arrive pas à distinguer ce qu’ils disent, ils parlent trop bas pour que je puisse comprendre. J’ouvre doucement les yeux et une blonde de profil, bien taillée, est au pied de mon lit, c’est qu’elle a l’air canon ! 

    Chapitre 16

    - On se connaît belle blonde ?

    - Kieran ?

    Oh putain. Je retire immédiatement ce que je viens de dire, cette meuf est… Soléa ? En plus vieille ?

    - Bordel, Soléa, t’es vachement… vieille. J’sais pas ce que tu prends, mais faut vraiment arrêter !! 

    Elle semble désorientée, et même triste. Je me demande ce qui lui arrive, on se déteste de toute façon. 

    - Je sais Kieran. Tu sais quel âge tu as ? 

    - Dix-neuf ans aux dernières nouvelles ! Toi t’en fais bien dix de plus ma pauvre ! Tu fais vraiment flipper ! Et qu’est-ce que t’as foutu à tes cheveux ? C’est horrible soeurette ! 

    Je sais qu’elle déteste que je l’appelle comme ça, elle ne sera jamais ma sœur, elle n’est rien pour moi. Ses deux pupilles brillent et des larmes commencent à couler sur ses joues, je ne sais pas pourquoi, mais je me sens obligé de sourire pour lui avoir infligé de la souffrance. Elle sort de la pièce, sûrement pour chialer, ce qu’elle sait faire de mieux.

    Le vieux s’approche de mon lit et prend une grande respiration.

    Chapitre 16

    - Monsieur Jones, vous n’avez pas dix-neuf ans, vous en avez trente ! Vous savez pourquoi vous êtes là ?

    - Comment ça trente ? Je sais très bien que j’en ai dix-neuf ! Et non, je ne sais pas, vous allez sans doute m’éclairer.

    - On vous a tiré dessus, il y a de ça neuf mois. Vous avez sans doute quelques douleurs à la poitrine et dans le dos. Il semblerait que vous ayez un petit problème de mémoire, mais je pense que tout ça peut rentrer dans l’ordre. 

    Mais quel baratineur ce médecin, je ne comprends rien à tout ce charabia. 

    - Vous délirez mon vieux ! J’ai dix-neuf ans, je n’ai pas pu oublier pratiquement dix ans de ma vie ! 

    - Le chemin va être long, mais madame Jones va vous aider à remonter la pente. 

    - Cooper ! Elle s’appelle Cooper, jamais elle ne sera une Jones. 

    - Soit, madame Cooper, vous aurez besoin d’elle.

    - Jamais de la vie !! 

    - Je vais vous laisser, vous devez vous reposer.

    Chapitre 16

    Je ne comprends strictement rien à ce qu’il se passe, c’est la confusion totale. Je regarde mes mains de plus près et je les trouve plus rugueuses… plus vieilles ? Je touche mon visage et je sens des cicatrices qui n’étaient pas là hier… Est-ce qu’il aurait raison ? 

    Je mets fin à mes réflexions et le sommeil m’emporte brutalement. Demain, je me réveillerai et tout ira pour le mieux, j’en suis persuadé.

    Ma main est enveloppée d’une chose toute douce et chaude, ça me tire doucement du pays des rêves. J’ouvre les yeux et vois Soléa tout à côté de moi, c’est sa main qui caresse la mienne.

    - Wow, qu’est-ce que tu fais, t’es malade ou quoi ? 

    - Je… désolée Kieran… je voulais juste…

    - Tu voulais juste rien du tout, ne me touches plus jamais ! 

    Elle reste figée. Ce qu’elle a l’air complètement nunuche, pauvre fille.

    - Tu sais maintenant que tu n’as pas dix-neuf ans, Kieran. 

    Chapitre 16

    Elle me tend un miroir et le reflet que j’y vois n’est pas le mien, je suis plus vieux et visiblement plus amoché. Mon magnifique visage est complètement anéanti. 

    - J’imagine que ça doit te faire bizarre, mais je te garantis que tu as bien trente ans… et beaucoup de choses ont changé depuis.

    - D’accord, c’est une blague ?

    - Kieran, je t’assure que ce n’est pas une blague. 

    - Pourquoi t’es là toi d’abord ? On ne se supporte même pas ! 

    - Et bien ça fait partie des choses qui ont changés ! Il y a longtemps, qu’on a enterré la hache de guerre tous les deux ! 

    - Et je ne m’en souviens pas, comme ça t’arrange petite sœur !

    - Arrête de faire l’enfant Kieran ! 

    Chapitre 16

    Elle se met à crier et je crois que c’est la première fois que je vois Soléa si désemparée. Je ressens soudain de la peine pour elle. Elle se lève et fini par quitter la chambre. Tout ça est vraiment une histoire de dingue. 

    Soléa revient pourtant me voir tous les jours pendant une semaine. Et chaque fois qu’elle repart, elle est un peu plus triste qu’à son arrivée. Qu’est-ce que ça peut bien lui foutre de toute façon que j’ai oublié dix foutues années de ma vie ? 

    Elle m’aide à marcher et je déteste être dépendant de quelqu’un et surtout d’elle. Mais on ne m’a pas vraiment donné le choix de toute façon. 

    - Où est mon père ? Et Alice ?

    Elle s’arrête et fuit mon regard, qu’est-ce qu’elle ne me dit pas ?

    - Écoute Kieran… 

    - C’est bon Soléa, ne me ménage pas, je ne suis visiblement plus un petit garçon.

    - Ton père est mort, il y a presque deux ans… Maman s’est dit qu’elle devrait attendre pour venir… 

    - Tu veux dire que je n’ai plus personne ? 

    Chapitre 16

    Je me sens orphelin et perdu tout à coup. 

    - Tu m’as moi ! 

    Elle me sourit et j’ai envie de vomir, je la lâche immédiatement.

    - Tu peux rentrer, j’arriverai jusqu’à ma chambre tout seul. 

    Il me faudra peut-être le double de temps que si elle m’aidait, mais je ne supporte plus de voir sa sale tête de petite fille gâtée. 

    - Puis arrête de venir tous les jours comme ça, je m’en sortirais très bien sans toi. 

    Le besoin de la blesser se fait ressentir au fond de moi, c’est comme une seconde nature et pourtant, je me sens mal d’avoir dit ça. Elle n’a toujours pas bougé et moi, j’ai à peine avancé de trois pas, ce n’est pas le double qu’il me faudra, mais au moins le triple ou le quadruple. 

    - Je suis désolé Soléa, d’accord, je ne voulais pas dire ça et de toute évidence, il me faudra la demi-journée pour atteindre ma chambre. 

    Chapitre 16

    J’attends une réponse sarcastique de sa part, une réplique comme on l’aurait fait en temps normal, au lieu de ça, elle agit en adulte, elle ne dit rien et continue de m’aider à avancer. J’oublie que je suis le seul à me comporter comme un gamin de nous deux. 

    Soléa me fait m’asseoir sur le lit dans un premier temps et me soutient les jambes pour les allonger. Elle est vraiment aux petits soins avec moi, j’ai l’impression d’être à mille lieux de la Soléa que je connais, enfin que je crois connaître. Ce n’est pas du tout la même personne. 

    Je ne sais pas quel élan me prend, mais j’attrape sa main dans la mienne.

    - Merci Soléa !

    Elle s’immobilise un instant et nous nous toisons, elle a quelque chose de louche dans le regard, quelque chose que je n’avais jamais vu. Je reviens à moi et lâche rapidement sa main, gêné de ce que je viens de faire.

    - De rien, repose-toi, je reviendrais demain ! Bonne nuit Kieran.

    Elle se retourne et s’en va, il y a quelque chose chez elle qui m’intrigue. Tout ça est vraiment nouveau pour moi. Je voudrais pouvoir me souvenir de ces dix dernières années, il me manque une partie de ma vie et j’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose de vraiment très important, seulement je ne sait toujours pas ce que c’est.


     

    Pin It

    20 commentaires

  • _Kieran. 


    Je marche comme un grand maintenant et pourtant ces abrutis ont tenus à me garder trois semaines dans cet hôpital pour fous ! Heureusement, Soléa et Alice ont été plus que convaincantes et ont réussi à écourter ma peine d’une semaine. Aussi, je me retrouve près de Soléa pour quitter cet endroit.

    - Je vis où maintenant ? J’ai une nana ? 

    Soléa est super gênée de me répondre pourtant, je ne pense pas avoir posé de questions trop indiscrètes, c’est normal que je veuille savoir si j’ai une nana, même si je pense qu’elle serait venue me voir quand même… Enfin, j’espère. Surtout, que je commence à avoir des envies particulières ! 

    - Quoi ? Ne me dis pas qu’à trente ans, je suis toujours célibataire ? 

    - C’est un peu compliqué, d’accord.

    - Comment ça compliqué ? Soit j’ai une meuf, soit j'en ai pas. Va falloir que je tire un coup et si je n’ai pas de meuf, ça va vraiment me simplifier la tâche pour trouver un nouveau plat !

    Chapitre 17

    Je continue de marcher et me rends compte qu’elle s’est arrêté quelques pas derrière. Mais qu’est-ce qu’elle a bon sang ? 

    - Qu’est-ce que tu fabriques ? Je t’ai choqué petite sœur ?

    - Pitié Kieran, arrête de parler. Considère-toi comme en couple et que si cette fille apprend que t’as trempé ton biscuit ailleurs elle te le charcutera et te le fera bouffer ! C’est assez clair ?

    Je m’arrête, puis éclate de rire, je me rends compte que je n’ai pas ris comme ça depuis longtemps. Tout ce qu’elle vient de dire n’a aucun sens.

    - Donc je suis en couple et cette nana ne s’est pas donné la peine de venir me voir et de m’aider, me laissant me faire dorloter par ma petite sœur ?!

    - Elle est venue… tous les jours pendant que tu étais endormi, elle a simplement dû partir quelque temps et je suis certaine qu’elle n’apprécierait pas si tu faisais n’importe quoi. Il m’a toujours semblé que tu étais fidèle quand tu étais en couple ? 

    Chapitre 17

    Elle a raison, j’aime les filles et j’aime la baise, mais j’ai toujours mis un point d’honneur à ne pas faire n’importe quoi si j’étais déjà en couple. J’aimerais bien me souvenir de cette fille si c’est sérieux.

    - Elle est comment ?

    - Elle te vénère et je crois que toi aussi ! 

    Un sourire a étiré mon visage. J’ai pris place à côté de Soléa dans sa voiture et elle a emprunté plusieurs routes qui m’étaient inconnues. J’ai fini par reconnaître la grande bâtisse bleue qui abritait notre famille recomposée.

    Alice nous a accueillis chaleureusement et je me sentais presque chez moi, et pourtant, il me manquait toujours un truc, un truc vraiment important. 

    Une petite boule de poil blanche m’a sauté dessus à peine la porte franchie, réclamant mon attention. Je me suis baissé et je me suis laissé léchouillé.

    Chapitre 17

    - Némésis, laisse-le tranquille ! Je crois qu’elle est heureuse de te revoir ! 

    J’aime bien ce chien ! Soléa monte et je la suis jusque dans ma chambre.

    - J’ai fait ton lit, je t’ai mis des serviettes propres et…

    - Pourquoi tu fais tout ça Soléa ? 

    Ma question la prend au dépourvue et elle cherche les mots pour me répondre.

    - Parce que c’est toi Kieran… c’est tout. 

    Elle est si gentille avec moi depuis ces dernières semaines, je m’approche doucement d’elle et j’embrasse sa joue. Elle rougit avant de me saluer et de me laisser seul. 

    Chapitre 17

    Pas un seul jour ne passe sans que Soléa ne vienne me rendre visite, elle est toujours joyeuse quand elle arrive et pourtant à l’air de plus en plus triste quand elle part. Elle me raconte ces dix années passées qui me font défaut, enfin autant qu’elle peut, elle dit que j’ai été plutôt discret et je me reconnais bien là, par contre moi dans l’humanitaire, c’était plutôt une surprise. 

    Trois semaines depuis que je suis rentré au domaine familial et je n’ai jamais été aussi proche de Soléa, enfin, du moins, de ce dont je me souvienne. J’ai toujours l’impression d’oublier quelque chose de vraiment important. 

    Alors qu’il fait beau et que nous marchons et jouons dans le sable avec Némésis, Soléa trébuche sur la chienne, me heurte et nous fait tomber à la renverse. Elle se retrouve sur moi et ne sais plus où se mettre elle se relève en vitesse.

    - Désolée, il va falloir que je rentre. 

    - Soléa attend.

    Chapitre 17

    Elle s’arrête et je me lève à mon tour pour la rejoindre.

    - J’ai... j’ai toujours ce sentiment d’oublier quelque chose d’important, plus important que dix ans…

    - Je sais Kieran…

    - Tu sais ce que c’est, dis-le moi, s’il te plaît.

    - Tu dois t’en souvenir de toi-même… je suis désolée. 

    Elle me tourne le dos et trottine jusqu’à la maison avec Némésis, le temps que j’arrive elle s’installait dans sa voiture et quittait le manoir. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, j’ai emprunté les clefs d’Alice et je suis monté dans sa voiture afin de suivre Soléa. 

    Comme si toutes les réponses à mes questions se trouvaient près d’elle. Après un moment de route, elle s’est garée devant une jolie petite maison. Une rouquine l’a quittée un instant plus tard. J’ai respiré un bon coup avant de sortir et de rejoindre sa porte d’entrée. J’ai toqué doucement, peu sûr de moi. À travers les carreaux, je la voyais descendre les escaliers et se pétrifier en m’apercevant. 

    - Qu’est-ce que tu fais là, Kieran ? Tu m’as suivi ?

    - Tu me laisses entrer ?

    Chapitre 17

    Elle chuchotait et par réflexe j’ai fait de même. Malgré la question, je n’ai pas attendu de réponse et je suis entré. Elle m’a retenu par le bras. 

    - Qu’est-ce que tu fais là ? Tu devais être chez Alice.

    - Tu sais ce que j’ai oublié, j’ai besoin de savoir Soléa. 

    Elle fuyait mon regard et elle jetait des coups d’œil furtifs derrière mon épaule, comme si elle cachait quelque chose. Je me suis retourné, agacé par son comportement.

    - Non, Kieran…

    Me penchant par-dessus son canapé, il était là. Un petit être tout rose et joufflu endormi. Des cheveux noirs comme les miens et une bouche aussi pulpeuse que celle de Soléa. Je ne me souvenais pas de lui, mais c’était comme si je le connaissais déjà. 

    - Kieran…

    - Il… il te ressemble, mais, il me ressemble aussi… et ça ce n’est pas possible…

    Chapitre 17

    Je me suis retourné vers elle, elle pleurait en silence.

    - C’est Jayden.

    - C’est ton fils ? 

    - Et c’est aussi ton fils, Kieran… 

    - OK, là, c’est vraiment n’importe quoi, qu’on ait enterré la hache de guerre, passe encore, mais j’aurais jamais commis l’erreur de baiser ma propre sœur, je ne suis pas aussi con.

    Elle a vivement tourné la tête, blessée par mes mots. 

    - Réponds-moi ! On n’a pas fait ça ?

    - Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Kieran ? Tu voulais savoir ce que tu avais oublié d’important ? Et bien la voilà ta réponse, et c’est nous. C’est nous que tu as oubliés. 

    C’était vraiment trop gros pour être la réalité. J’ai quitté sa maison en vitesse et dans un silence quasi-total. J’étais fou de rage, comment j’aurais pu oublier un truc aussi important que tout ça, comment mon putain de cerveau pouvait ne pas se souvenir de ça. 

    Chapitre 17

    Je ne ressentais rien pour Soléa, sauf de l’affection, comme tout frère normal devrait avoir. Comment j’avais pu oublier tous ces sentiments, s’ils avaient existé un jour ? Comment j’aurais pu oublier mon fils ? Et surtout comment on en été arrivés là ? On n’a pas pu se réveiller un beau matin et faire un bébé… C’était le flou total, encore plus qu’avant.

    Je roulais depuis un moment et j’avais même fini par me perdre, je ne savais plus du tout ou j’étais et par ou passer pour retrouver la grande maison bleue, heureusement, j’ai mis le GPS et je me suis laissé guider. 

    J’ai garé la voiture sous l’auvent et j’ai marché sur le petit chemin de cailloux pour arriver à la porte d’entrée. Alice y faisait les cent pas. 

    - Tu es enfin rentré, Soléa m’a appelé, elle se faisait du souci pour toi, et moi aussi.

    - Je vais bien… enfin je crois.

    Elle m’a prise dans ses bras, comme une mère câlinerait son fils et pour la première fois, je m’effondrais. Les larmes s’échappaient sans que je ne puisse les arrêter.


     

    Pin It

    16 commentaires

  • _Kieran. 


    Je n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit, je n’arrivais pas à imbriquer toutes les pièces du puzzle ensemble. Je ne comprenais rien. J’avais un petit garçon et j’avais commis une véritable erreur avec ma demi-sœur. Mon cerveau surchauffait, mais il ne voulait toujours pas me rendre mes souvenirs, pourquoi était-ce si dur de se rappeler ? 

    Seule Soléa pouvait répondre directement à toutes les questions que je me posais, mais je n’étais plus vraiment certain d’avoir envie de la voir après ce que j’avais appris sur nous. 

    J’ai enfilé un pantalon et je suis descendu. J’avais envie de prendre l’air, j’ai croisé Alice et lui ai dit que j’allais sur la plage me changer les idées, elle s’est contenté d’acquiescer sans poser plus de questions sur l’évènement gênant de la veille. 

    Je me suis assis face à la mer, sur le sable chaud. Le son des vagues apaisait mes sens, m’aidait à me concentrer. J’essayais de toutes mes forces de me souvenir.

    - Je peux m’asseoir ?

    Chapitre 18

    La petite voix de Soléa a cassé le moment. Je lui ai jeté un coup d’œil furtif avant de répondre.

    - Si tu veux, la plage n’est pas à moi… 

    Comme si je ne pouvais pas simplement répondre « oui », les habitudes avaient la vie dure. Je ne vois absolument pas comment on a pu tomber amoureux dans des conditions pareilles. 

    - Tu veux savoir ?

    - Quoi ?

    - Tu veux savoir ce qu’il s’est réellement passé ces dernières années ?

    - Oui, je n’arrive pas à comprendre et je n’arrive pas à me souvenir, rien ne vient…

    Elle prend une grande inspiration et commence son récit. Comment je l’ai surprise nue dans la buanderie, comment j’ai dégagé Ash alors qu’elle voulait passer du bon temps avec lui, comment elle m’a embrassé alors qu’elle était éméchée. 

    - Comment j’ai pu te laisser m’embrasser sans réagir ? 

    - Tu en avais peut-être envie  ?

    Chapitre 18

    Soléa reprend l’histoire. Le jeu du chat et de la souris qu’on semblait pratiquer après ce baiser. Elle fait une pause à peine perceptible avant de me dire que je l’ai amené au squat pour notre première fois.

    - T’es sérieuse là ? Je t’ai aussi amené là-bas pour baiser ?

    - Comment ça aussi ??

    - J’aurais peut-être dû fermer ma gueule… 

    Ma demi-sœur ne dit rien et se contente de me regarder avec insistance, ce qui signifie qu’elle attend des explications. 

    - Le lundi, c’était mon soir au squat, les autres n’avaient pas le droit de débarquer… et ce lit a vu quelques filles… C’était y’a plus de dix ans, y’a prescriptions non ? 

    Elle se contente de lever les yeux au ciel et reprend, elle me raconte ce que mon père a fait à la fin des études. Comment on s’est retrouvés, et comment je l’ai blessé à plusieurs reprises… comment Jayden est arrivé et comment Irvin à pourri nos vies depuis dix ans et fini donc par les derniers évènements qui m’ont conduit sur un lit d’hôpital pendant neuf mois, me rendant partiellement amnésique. 

    Chapitre 18

    Soléa est émue, je le sens dans sa voix, je ne sais vraiment pas quoi lui dire, tout ça me dépasse vraiment. 

    - Je suis désolé, mais je ne ressens rien pour toi, Soléa…

    - Ce n’est pas grave Kieran, je t’attendrais cette fois-ci… peut-importe le temps que ça prendra.

    Elle étouffe un sanglot avant de se lever pour partir. 

    - Je veux voir Jayden s’il te plaît.

    - Bien sûr, je viendrais avec lui demain… 

    - Merci Soléa. 

    La petite blonde me laisse seul sur le sable, face à mes réflexions. Demain, je rencontrerai mon fils pour la première fois et j’ai vraiment hâte.

    J’entends la voiture de Soléa arriver dans la propriété et je suis comme un enfant le matin de Noël, j’accours pour découvrir un merveilleux cadeau. Quand je sors, elle tient Jayden par la main pour l’aider à marcher et se dirige vers moi. Il est si petit et si mignon. 

    Je m’accroupis pour être à son niveau et Jayden lâche la main de sa mère pour faire trois petits pas vers moi. 

    Chapitre 18

    - C’est la première fois qu’il décide de me lâcher pour marcher seul !

    - Pa !!!

    J’ai le droit à mon premier « papa » et aux premiers pas de mon fils, je ressens une grosse bouffée de bonheur dans tout le cœur. Je l’attrape dans mes bras, il sent bon le bébé et je me shoote à son odeur. 

    Je passe le reste de l’après-midi à profiter de mon fils, j’en oublie un peu Soléa, mais elle n’a vraiment pas l’air de m’en vouloir au contraire. Jayden commence à être fatigué et il commence à faire nuit. 

    - J’aurais tellement aimé qu’il reste encore… 

    - Je sais, mais je ne peux pas laisser Nem’ toute seule… 

    - Va la chercher et reviens, passez le week-end ici. 

    Elle me regarde comme si une seconde tête venait de me pousser sur le corps. Je viens de retrouver mon fils, j’ai envie de passer du temps avec lui. 

    - D’accord. Je reviens alors. 

    - Merci Soléa.

    Chapitre 18

    J’embrasse sa joue, je ne la remercie pas seulement pour rester ici, mais pour ce fils qu’elle m’a donné, je viens de le rencontrer et je ne pourrais plus me passer de lui.  

    J’ai pu lui donner à manger et lui faire prendre son bain, avec les conseils d’Alice, en attendant que Soléa revienne. Il est prêt à aller se coucher quand elle et la chienne rentrent. Je lui dis que nous sommes en haut et elle nous rejoint, un instant plus tard, dans la chambre qu’Alice m’a indiquée. 

    - Tu t’es occupé de lui ?

    - Oui ! Alice m’a épaulé ! 

    Un large sourire envahi son visage et j’apprécie de la voir comme ça. Jayden chouine un peu.

    - Tu peux lui dire une histoire pour qu’il s’endorme, je vais prendre une douche en attendant.

    Elle embrasse le petit avant de sortir et je m’attelle à ma nouvelle tâche « coucher mon fils ». Je lui lis une histoire et il est tellement fatigué qu’il s’endort comme une masse. Je reste un moment à le contempler avant de sortir de sa chambre. 

    Je retrouve la cuisine où Alice finit de nettoyer et Soléa apparaît un moment après. Un petit peignoir rouge moule dangereusement ses formes. Je déglutis, comme le chien que je suis… 

    Chapitre 18

    - Je vais vous laisser, je vais me coucher ! Bonne nuit vous deux.

    - Bonne nuit ! 

    La voix de Soléa résonne en même temps que la mienne. Elle me sourit avant de sortir des trucs à grignoter. Elle passe à côté de moi et elle sent bon. Je me rapproche pour renifler de plus près.

    - Un problème ? 

    - Non aucun, je vais t’aider à mettre ça sur la table. 

    On grignote presque en silence, se lançant de temps en temps un regard, notre principal sujet de conversation : Jayden. Puis on termine de tout ranger avant de monter se coucher. 

    Ce parfum me rappelle quelque chose, mais j’ai du mal à savoir quoi. On s’arrête dans le couloir menant à nos chambres, elle me regarde.

    - Embrasse-moi !

    - Quoi ? Non, je ne peux pas faire ça !

    - C’est vrai, tu aimes les filles qui font le premier pas….

    Chapitre 18

    Elle s’élance vers moi et enroule ses deux bras autour de mon cou avant d’approcher ses lèvres des miennes. Je voulais la repousser, mais quelque chose m’en empêchait. J’ai laissé mes lèvres répondre aux siennes avant de céder et d’ouvrir la bouche pour accueillir sa langue douce et chaude. 

    Instinctivement, j’ai attrapé sa nuque pour continuer de l’embrasser en profondeur pendant de longues minutes. Un râle de plaisir s’est échappé de ma bouche et elle a doucement mis fin à ce baiser torride. 

    - Bonne nuit Kieran. 

    Cette nana allait me faire perdre la tête, je n’avais aucun sentiment pour elle et pourtant elle faisait de moi ce qu’elle voulait. Je ne voulais pas la faire souffrir, mais j’aurais tué pour continuer à être dans ses bras. 


     

    Pin It

    18 commentaires

  • Je m’étire dans mon grand lit désespérément vide depuis des mois, mais ce matin, je suis de meilleure humeur. Le baiser que j’ai échangé avec Kieran la veille me donne un peu d’espoir. Sa cervelle de moineau a peut-être décidé de m’effacer, mais une part de lui ne m’oubliera jamais. J’ai réussi à le faire craquer deux fois, je réussirais à le faire craquer une troisième fois. 

    Je m’habille avant d’aller chercher mon petit monstre pour le déjeuner, mais il n’est pas dans son lit. Je descends et le trouve avec son père dans la cuisine, je m’approche pour embrasser la tête chevelue de Jayden et résiste à mon envie de posséder les lèvres de Kieran.

    - Salut ! 

    - Salut !

    Il me sourit sincèrement et je décide de m’éloigner avant de laisser mon envie se réaliser. Kieran a l’air si épanoui, et pourtant, il ne se souvient même pas de nous. Je me sers un café bien corsé avant de les rejoindre à table.

    Chapitre 19

    - J’ai rêvé de Jayden hier soir !

    - Ah bon ?

    - Oui, il était si petit et si fragile dans un pyjama bleu, j’imagine que c’est parce que je me demande comment il était il y a quelques mois.

    Je le fixe sans bouger et il arque un sourcil interrogateur. 

    - Ce n’était pas un rêve, mais un souvenir. Jayden avait un pyjama bleu son premier soir, tu étais penché au-dessus du berceau et tu me disais regarder la deuxième merveille du monde…

    - Tu crois que je suis en train de retrouver la mémoire ?

    - Petit à petit ça reviendra… même si ça prend du temps. 

    Trop de temps pour moi, j’ai besoin de le retrouver, il me manque, mais j’attendrais le temps qu’il faudra, une vie entière pour qu’il me revienne. 

    Chapitre 19

    Ma mère nous rejoint et s’installe avec nous, je vois le voile de tristesse dans ses yeux, c’est la première fois qu’elle nous voit tous réunis chez elle, comme une famille, même si Kieran n’est plus vraiment lui-même. Les garçons finissent par s’éclipser en rigolant, Kieran chatouillant Jayden. 

    - Kieran est vraiment heureux, Jayden lui fait du bien.

    - Je sais, il a commencé par avoir une bribe de souvenirs de lui bébé, mais il ne se souvient toujours pas de moi… pas de la bonne façon…

    - Cela viendra ma chérie. Je vais rejoindre mes copines du club de peinture pour la journée, profites-en pour jouer de tes charmes, Kieran est un homme et les hommes sont faibles ! 

    Je ris avant qu’elle ne parte se préparer. Je range la cuisine et je vais retrouver mes deux hommes, ils sont en train de jouer, je ne fais pas de bruit et je pars prendre une douche et m’habiller un peu plus sexy, ma mère a raison, je vais jouer de mes charmes. 

    Chapitre 19

    Je prépare en avance le repas pour midi et Kieran déboule dans la cuisine fraîchement sorti de sa douche. Il est séduisant comme à son habitude. Il m’examine prudemment.

    - Jayden s’est endormi… je vais aller… faire un tour avec Némésis.

    Dans une synchronisation parfaite, Némésis et Kieran rentrent quand j’ai fini. Il a l’air perdu dans ses réflexions, il passe derrière moi pour se laver les mains.

    - Où est ta mère ?

    - Partie rejoindre des amies du club de peinture. 

    Il ne répond rien de plus. Je sors de la cuisine quand je me retrouve coller contre un mur, le torse de Kieran pressant mon dos.

    - Je ne sais pas ce que je fais… ton parfum, il… tu sens les bonbons à la fraise et…

    - Et ça te donne envie de me manger ? 

    Chapitre 19

    Il se tend dans mon dos, surpris que je sache exactement ce qu’il ressent, mais ce n’est pas comme si c’était la première fois. 

    - Je ne peux pas faire ça, je n’arrive à te voir que comme la petite Soléa que j’ai vu grandir, comme une sœur…

    - Laisse-moi te montrer cette facette de moi que tu as oublié alors… 

    Kieran relâche doucement sa prise sur mon bras et je me retourne, il change son bras d’appui et attrape doucement mon menton.

    - Ferme les yeux et laisse-moi te faire ressentir ce que tu as ressenti hier soir, laisse-moi te montrer à quel point je t’aime, à quel point tu me manques autant que je te manque.

    Les yeux fermés, sa bouche s’avance délicatement de la mienne, il s’arrête quelques secondes avant de se résoudre et de m’écouter. La douceur de ses lèvres me fait fondre, je suis sur le point d’approfondir notre étreinte quand Jayden m’appelle à l’étage. 

    Chapitre 19

    À regret, notre baiser s’achève ici, les pupilles de Kieran sont noires de désir, il ne se souvient peut-être pas de nous, mais il est doucement en train d’oublier la petite sœur qu’il voit en moi.

    Je laisse Kieran dans le couloir et vais rejoindre notre fils. Nous passons le reste de la journée à faire comme si ce moment n’était jamais arrivé. J’ai presque l’impression d’avoir fait ça pour rien, je pensais qu’il aurait envie d’avantage, au lieu de ça, il fait comme si je n’existais pas. 

    Avant de dormir, je m’installe sur mon lit avec un bouquin, j’en lis quelques chapitres et Kieran entre dans ma chambre sans se donner la peine de toquer. 

    - Kieran ? 

    Il s’approche du lit et tire mes deux pieds vers lui, un cri de surprise s’échappe de ma bouche et je lâche mon livre par terre. Il m’embrasse séance tenante et je me laisse guider par son interruption inopinée. 

    - Soléa, je n’éprouve toujours pas ce que tu espères, mais tu es la mère de mon fils et quelque chose me pousse à venir vers toi… 

    - Alors continue. 

    Chapitre 19

    Il ne m’aime peut-être pas, ne se souvient toujours pas de moi, mais il est dans ma chambre et je ne vais pas laisser cette occasion m’échapper. 

    Kieran me fait reculer un peu sur le lit, tenant mon poignet d’une main. J’ai chaud et je suis déjà excitée rien qu’à l’idée d’être de nouveau dans ses bras.

    - Tu crois qu’elle va me charcuter ?

    - Qui ?

    - La fille avec qui s’est compliqué ! 

    J’éclate de rire en repensant à ce que je lui ai dit en sortant de l’hôpital. 

    - Non ! Promis, je te protégerais ! 

    Il me sourit. Il semble stressé, c’est tellement mignon. Je décide de prendre les commandes. 

    - Laisse-toi faire…

    Chapitre 19

    Je le déshabille en commençant par son t-shirt, laissant ma langue courir dans sa nuque, sur son torse puis je lui retire son pantalon et son caleçon. Je me penche pour le goûter avec ma langue, un soupir de plaisir se fait entendre dans le silence de la pièce.

    - Bon sang, arrête-toi Soléa avant que je ne réponde plus de rien.

    Je souris, contente de l’effet que je lui fais, il embrasse mon cou et caresse mon corps par-dessus mon peignoir qu’il s’apprête à retirer.

    - Attends !

    - Quoi ? Je m’y prends mal ?

    - Non, ce n’est pas toi, c’est moi… tu sais mon corps n’est plus aussi parfait qu’autrefois…

    - Ben ça tombe bien, parce que je ne m’en souviens plus ! Et puis je crois que c’est un peu de ma faute si ton corps est comme il est, tu as porté mon fils ! Je suis sûre que tu es parfaite.

    Il s’empare de ma bouche avant de me faire quitter mon habit et promène sa langue sur ma poitrine et ses doigts à l’endroit le plus humide de mon corps. Mon corps est tellement tendu de ne pas avoir était touché pendant tellement de temps, que je jouis presque immédiatement. 

    Chapitre 19

    /!\ Images bonus - soft /!\ - /!\ Images bonus - medium /!\ - /!\ Images bonus - medium /!\ 

    Malgré mon stérilet, je prends un préservatif dans ma commode, avec Kieran, je préfère me méfier maintenant, ce n’est pas du tout le moment de faire un petit frère ou une petite sœur à Jayden. 

    Kieran reprend les commandes en se positionnant au-dessus de moi, ne lâchant à aucun moment mon regard, il va et vient en moi de plus en plus vite. La sueur perle sur son corps et ses bras, contractés pour ne pas m’écraser de son poids, me rendent un peu plus folle de lui.

    - Kieran, je sens que ça vient, continue…

    Nos bouches se retrouvent et lorsque je sens l’orgasme monter en moi, j’enfouis ma tête dans sa nuque pour masquer le cri puissant que je pousse. Kieran grogne à son tour avant de s’effondrer sur moi puis de rouler pour ne pas m’écraser et retirer la capote.

    Le bien-être que je ressens est de courte durée quand je me demande ce qu’il va faire après ce moment. Est-ce qu’il va encore attendre que je m’endorme pour s’éclipser ou est-ce qu’il sera moins gentleman que ça ? Je me tourne vers lui et je me rends compte qu’il s’est endormi, je soupire d’aise et je m’accroche à son corps chaud pour trouver, moi aussi, le sommeil.


     

    Pin It

    18 commentaires

  • _Kieran. 


    Il fait encore noir, mais c’est la chaleur qui me pousse à ouvrir les yeux, et pour cause, nous sommes en plein milieu du mois d’Août et Soléa est agrippée à moi comme si j’allais m’enfuir. Je suis un peu désorienté, mais je me remémore vite la nuit dernière. Je ne sais pas trop ce que j’ai fait, ça m’a plu, mais c’était bizarre. Je prends un moment pour la regarder, elle a l’air si paisible, je pousse une mèche de ses cheveux qui tombe sur son visage.

    Je me dégage de son étreinte pour me rhabiller, il me faut boire de l’eau avant de me dessécher et j’ai vraiment besoin d’aller prendre un peu l’air pour me rafraîchir. 

    Je respire à pleins poumons l’air iodée qui flotte autour de moi, j’ai une migraine qui me surprend tout à coup, elle me plie presque en deux tant c’est douloureux. J’ai un flash de Soléa elle m’embrasse de la même façon qu’il y a deux jours, mais elle est plus jeune, elle a les cheveux plus longs. Et la migraine part comme elle est venue. Un souvenir qui décide de revenir. Je me souviens de sa bouche, son goût de whisky sur sa langue.

    Chapitre 2o

    Je décide de rentrer, je pourrais retourner dans ma chambre, mais j’ai peur de la blesser en faisant ça. Je regagne sa chambre en marchant sur la pointe des pieds et en ne faisant pas de bruit. Je l’entends renifler discrètement, est-ce qu’elle est en train de pleurer ? Je monte sur le lit près d’elle.

    - Hey, qu’est-ce que tu as ? 

    - Kieran ? 

    Ses deux yeux embués me scrutent, elle est un tantinet surprise.

    - Pourquoi tu pleures ? 

    - Rien, c’est stupide… 

    - Dis-moi !

    - Je pensais que tu étais reparti dans ta chambre… en même temps à quoi je peux m’attendre, tu ne te souviens même pas de moi, tu n’as pas de sentiments envers moi, je ne peux pas t’obliger à faire semblant…

    Chapitre 2o

    Je peux sentir la peine qu’elle ressent. C’est vrai, je n’ai pas les sentiments aussi fort qu’elle espère, mais j’ai de l’affection pour elle. Je n’ai pas envie qu’elle se pose mille questions, je pose ma bouche sur la sienne.

    - Tu ne m’obliges à rien Soléa, continue de faire ce que tu fais, je suis certain que ça va me revenir.

    Je l’embrasse de nouveau et mon corps réagit de lui-même à se baiser. Elle n’a peut-être pas su réveiller encore les sentiments en moi, mais en tout cas mon enveloppe corporelle est totalement en phase avec Soléa. Je l’attrape pour la poser sur moi.

    - Mon corps réagit automatiquement au tien, tu crois que je fais semblant ? 

    Elle m’embrasse passionnément, me faisant perdre pied, elle est complètement nue sous son peignoir de chaperon rouge, ce qui va grandement me faciliter l’accès à ce que je veux. 

    J’ai à peine sondé son entre-jambe moite avant de baisser juste ce qu’il fallait mon caleçon pour la prendre sur-le-champ. J’essuie les larmes sur ses pommettes avant de capturer sa bouche. Je lui laisse totalement le contrôle de ce qu’elle fait, elle gémit et ses joues rougissent de plaisir, elle est vraiment bandante comme ça. Il n’est plus question de petite sœur, Soléa est une femme, une femme vraiment attirante. 

    Chapitre 2o

    Je la sens sur la fin, elle se contracte et jouit presque en silence, il m’en faut plus, je récupère les commandes. Je la retourne et la plaque sur le lit pour la posséder plus profondément. J’enserre avec passion son cou. 

    - Je veux t’entendre faire plus de bruit…

    Je n'ai pas besoin de le lui dire deux fois, elle est plus expressive, mais fait attention à ne pas être trop bruyante non plus pour ne pas réveiller Jayden qui dort dans la chambre d’à côté. 

    Quelques coups de reins plus tard, et je m’écroule sur son dos, exténué. J’embrasse sa nuque avant de la libérer. Elle va dans la salle de bain et revient la mine contrite.

    - Qu’est-ce qu’il y a ?

    - Rien, c’est juste qu’on ne s’est pas protégé malgré le stérilet, je n’ai pas du tout envie de retomber enceinte… 

    - Hey, tu sais ce qu’on dit ?

    Chapitre 2o

    - Quoi ?

    - Que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit ! Viens là maintenant, au lieu de te poser trop de questions !

    Elle me rejoint, un peu moins soucieuse et je n’ai besoin que d’une minute pour m’endormir.

    Dans mon sommeil, j’entends une petite voix crier ce qui ressemble à un « maman », j’ouvre les yeux et Soléa ronfle à côté de moi, je ne peux pas m’empêcher de sourire. Je me lève en vitesse pour aller trouver Jayden. Je le change et retourne dans la chambre près de sa mère, qui dort toujours. 

    - Tu vois mon grand, ta mère ronfle comme un moteur, mais c’est vrai qu’elle est jolie !

    Je l’ai laissé se reposer et je suis descendu avec Jayden, Alice était déjà réveillée, nous avons profité du petit-déjeuner tous les trois. 

    Le week-end touchait à sa fin, ils devaient rentrer, mais il était hors de question que je reste ici comme un infirme, je suis parti avec les deux personnes qui avaient vraiment besoin de moi. Je m’occupais de Jayden pendant que Soléa était à sa boutique de fleurs et quand elle rentrait, on avait l’air d’une famille normal, sauf qu’on avait aucun contact physique, plus depuis que je l’avais rejoint dans sa chambre dans la maison bleue. 

    Chapitre 2o

    Ici, je dormais sur le canapé, ce qui me paraissait normal vu la situation, malgré que son corps soit une tentation permanente et ambulante.

    Parfois, j’avais des flashs de souvenirs qui me revenaient, mais ils n’étaient pas forcément de Soléa, il y avait la guerre, des blessés, une vie à m’occuper des plus démunis… et puis il y avait d’autres filles parfois. Je n’avais pas dit à Soléa que certaines choses me revenaient, car je n’avais pas envie de la bercer d’espoir inutilement.

    - Pourquoi tu t’obstines à dormir sur ce canapé ? 

    Sa petite voix accusatrice m’a sortie de mes pensées. 

    - Parce que c’est la meilleure chose à faire !

    - Sûrement pas pour ton dos…

    Si c’était seulement pour mon dos… j’ai ravalé mes pensées salaces avant de parler.

    Chapitre 2o

    - Mon dos va très bien. 

    - Et bien, il irait encore mieux si tu te décidais à venir dormir là-haut.

    Elle a levé les yeux au ciel, je trouvais ça sexy. 

    - Je n’ai pas envie que tu te vois comme un plan cul, donc je préfère dormir ici, d’accord.

    - Un plan cul ? Ça fait des semaines que tu ne m’as pas touché… je ne vois pas comment je pourrais penser ça…

    - Justement… c’est parce que je dors sur ce canapé.

    J’ai tourné la tête pour regarder ailleurs, un peu honteux de ce que je venais d’avouer, elle avait le sourire aux lèvres, elle s’est approchée pour se mettre à califourchon sur mes jambes.

    - Très bien, je vais rester sur ce canapé avec toi alors ! 

    Chapitre 2o

    Soléa murmurait doucement dans mon oreille avant de l’embrasser, le reste a réagi au quart de tour.

    - Tu es si enivrante… je comprends pourquoi cette autre version de moi a craqué sur toi à présent… 

    - Et cette version-là ?

    - Elle demanderait à être encore un peu convaincue, je pense ! 

    Ce soir-là, elle m’a convaincue sur ce canapé, dans les escaliers, contre sa porte, et même dans le lit. 

    J’étais à bout de force, complètement épuisé et Soléa aussi. J’ai dormi avec elle, comme elle le voulait, elle avait raison, on était bien mieux dans ce lit que sur le canapé. Soléa s’est endormie presque instantanément et je l’observais attentivement. 

    J’ai embrassé sa joue encore rougie et j’ai murmuré à son oreille :

    - Je crois que cette version de moi t’aime aussi…

    Chapitre 2o

    Je me suis endormi après ça. Ma vie s’est mise à défiler devant moi comme un vieux film. Tous les souvenirs d’une vie se remettaient en place, le bruit d’une détonation et la douleur dans ma chair m’ont sorti de mon sommeil.

    - Soleil !

    Il faisait déjà jour, elle était partie à sa petite boutique et moi, je me réveillais d’un sommeil de presque un an, j’avais vécu deux vies dont je me souvenais parfaitement maintenant. 

    Cette femme était vraiment exceptionnelle, elle avait réussi à me faire tomber amoureux d’elle plus de fois qu’il n’aurait fallu. Cette fois-ci, je ne laisserais plus rien, ni personne se mettre entre nous, il était hors de question que je la perde encore une fois. 


     

     

    Pin It

    20 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique