J’adorais la voir cogiter sur ma possible vengeance à venir, parce qu’en fait, je n’avais rien en tête, juste de la faire réfléchir pour rien ! J’avais très envie de goûter à ses douces lèvres avant qu’elle m’ordonne d’arrêter de la regarder, je voulais lui dire à quel point sa bouche me manquait et à quel point je voulais l’embrasser, mais la voix d’Alice m’en a empêcher, décidément, si ce n’était pas mon père, c’était sa mère. Elle se demandait si nous avions enfin enterré la hache de guerre, sur ce point-là, je n’avais pas envie de mentir, mais Soléa semblait rester silencieuse alors je me suis lancé. Satisfaite, elle est rentrée et je suis sorti de l’eau pour aller étendre mes vêtements mouillés. J’ai invité Soléa à monter avec moi pour se sécher et accessoirement pour l’embrasser, mais elle n’avait pas l’air décidé.

- Non, c’est bon !

Bien. Elle faisait comme elle voulait, j’ai haussé les épaules et je suis entré à mon tour, j’avais à peine posé un pied sur l’escalier que j’ai entendu la porte de la terrasse, je savais que c’était elle. J’en souriais à me décrocher la mâchoire. J’ai continué de marcher et j’ai attendu dans le petit couloir adjacent à nos deux chambres, quand elle a passé les portes vitrées, je l’ai attrapé pour la porter hors de vue, un petit cri aigu de surprise s’est dispersé dans l’espace silencieux.

- Je pensais que tu ne voulais pas monter ?

- J’ai changé d’avis ! C’est pas un crime !

- Absolument pas !

Je l’ai ramené à moi, content de l’effet que je pouvais lui faire, son petit corps était tout chaud, je ne me lassais pas de regarder son visage si doux. Il a fallu un seul baiser pour que je la découvre tout autrement, aucune fille ne m’avait jamais fait vivre un tel revirement de situation. Je passais doucement mon doigt sur ses lèvres.

- Tu comptes m’embrasser ?

Sa remarque m’a fait sortir de mes pensées, j’ai souri, Soléa a toujours été cette petite fille réservée que j’ai encore du mal à me faire à ses excès d’aplomb. J’ai accédé à sa requête, inclinant la tête pour goûter à ses douces lèvres. Les mains de Soléa sur mon torse descendaient doucement vers mon caleçon, j’ai saisi ses poignets pour l’empêcher de continuer sa petite course. J’étais déjà au garde-à-vous, pas besoin de me rajouter de la tension supplémentaire, elle a souri contre ma bouche puis elle est entrée dans sa chambre, me lançant un regard concupiscent par-dessus son épaule.

Je savais exactement ce qu’il voulait dire, ce qu’elle voulait, j’ai dû me faire violence pour ne pas la rejoindre, j’ai tourné les talons pour accéder à ma propre salle de bain. La température de l’eau était tempérée, tête baissée, les mains contre la paroi, j’accueillais le jet avec bienvenue essayant de retrouver une contenance quand j'ai senti deux petites mains remontées le long de ma colonne. 

Je me suis retourné, et elle était là, complètement nue, dans ma douche, j’étais surpris et elle était de nouveau timide, pourtant ce qu’elle venait de faire était vraiment très audacieux.

Alors que j’appréciais de l’avoir près de moi, complètement nue et à moi, je me suis mis en colère, ses deux yeux de biche embarrassés.

- Sors de là Soléa, tout de suite.

Je marchais à pas de loup, nos parents étaient dans le salon, tous les deux sur le canapé collés l’un à l’autre en train de lire, j’ai pressé le pas et quand j’ai ouvert la porte vitrée, une poigne puissante m’a tiré à l’opposé de mon chemin, c’était Kieran qui attendait dans le couloir, comme s’il savait que j’allais le suivre, quel prétentieux ! Son petit sourire arrogant sur les lèvres, me narguant, me rappelant que j’avais décliné son offre de le suivre, il m’a collé contre lui, caressant ma joue et passant son index sur ma bouche, c’était de la torture. 

- Tu comptes m’embrasser ?

Un sourire s’affichait sur son visage, il s’est penché pour enfin toucher mes lèvres qui le réclamaient. Comme des aimants, mes mains commençaient à dévaler le sillon entre ses muscles pour caresser ce qui se tendait de plus en plus entre nous. Kieran a empoigné mes bras, stoppant ma lente promenade, j’ai esquissé un sourire avant de le quitter pour partir en direction de ma chambre, juste un regard chargé de tension sexuelle, c’est tout ce que j’ai fait. Il disait « rejoins-moi sous la douche si tu l’oses », mais quand j’ai entendu la porte de sa chambre, j’avais compris qu’il s’était dégonflé, quelle poule mouillée ! J’ai attendu un peu avant de traverser à mon tour le couloir. 

La porte de sa salle de bain était entrouverte et le bruit de l’eau parvenait jusqu’à moi, j’ai ouvert doucement, il était déjà sous la douche. J’ai quitté mon maillot aussi rapidement que je le pouvais et je me suis glissé discrètement derrière lui, la tête baissée sous le jet, il ne devait pas entendre d’autres sons que ce dernier. J’ai posé mes mains à la naissance de ses fesses leur laissant le loisir de remonter le long de sa colonne musclée. Il s’est raidi sous mes caresses, puis s’est retourné et parut surpris de me trouver là, son regard me rendait de nouveau incertaine malgré le cran qu’il m’a fallu pour le rejoindre sous sa douche. 

Soudain, son regard noir a refait surface, merde, je pensais que ça lui ferait plaisir que je le rejoigne. Il a ouvert la bouche pour m’ordonner de sortir de la douche. Gênée, je suis restée prostrée devant lui sans bouger.

- Tout de suite, a-t-il renchéri.

Les larmes me sont montée aux yeux avant que je ne sorte et n’attrape une serviette pour m’enfuir à toute vitesse de mon côté. J’ai fermé ma porte à clef et laissé la serviette au pied de cette dernière puis je me suis jetée sous ma douche. Mes yeux laissés couler un flot de larmes continu que le jet d’eau s’empressait de faire disparaître. Je me sentais humiliée, Kieran n’arrêtait pas de jeter le chaud et le froid depuis le début, un moment, il avait l’air de ne plus pouvoir se passer de moi et la minute d’après, c’est l’ado bougon qui refaisait surface m’envoyant paître comme la dernière des imbéciles, je n’avais plus envie de subir ses états d’âme, ne valais-je pas mieux que ça ? 

Une fois habillée, j’ai plongé sur mon grand lit vide, je pleurais encore, je ne pleurais jamais pour personne d’autre que mon père et ce connard arrogant avait brisé mon bouclier en quelques semaines à peine. La poignée de la porte bougeait doucement et sa voix rauque passait au travers du bois.

- Soléa, ouvre-moi, je suis désolé d’accord.

« Je suis désolé », désolé d’avoir baisé Cannelle, désolé de m’avoir blessé, mais ça suffisait, je suis restée muette, continuant à pleurer et le laissant abandonner.

Elle était totalement immobile et éteinte devant moi, j’ai réitéré mon ordre et j’ai aperçu la brillance dans ses yeux avant qu’elle ne quitte ma douche et décampe à toute allure. Pourquoi j’étais toujours obligé de tout gâcher comme ça ? J’aurais pu simplement lui expliquer, lui dire que j’aimais qu’elle soit là, mais que c’était trop dur de lui résister, elle aurait compris, au lieu de ça, il a fallu que je m’emporte comme l’imbécile que je suis. Soléa a raison sur ce point.

J’ai voulu la rejoindre après ma douche, mais elle avait fermé la porte à clefs, ça sentait vraiment mauvais pour moi et pour couronner le tout, je l’entendais pleurer.

- Soléa, ouvre-moi, je suis désolé d’accord.

Même moi, je n’aurais pas voulu écouter mes propres excuses, c’était la seule chose que je savais dire que j’étais désolé, mais ça n’avait plus l’air de lui suffire. Le soir venu, alors que je pensais pouvoir l’attraper avant d’aller se coucher, la garce avait prévu de faire monter sa mère pour « question vestimentaire », sachant que dans notre établissement le port de l’uniforme était obligatoire, je ne vois pas quel genre de question vestimentaire elles ont pu aborder. Le lendemain matin, elle avait filé au lycée avant moi, cette fille était une véritable anguille quand il le fallait, mais à la fin des cours, j’ai enfin pu la coincer ! Elle était avec sa copine et un type aux allures gothique, j’ai stoppé la voiture à leur niveau et je l’ai invité à monter, enfin, c’était plus un ordre qu’une invitation. Elle a refusé et j’ai insisté puis elle a fini par monter avec moi.

Au lieu de prendre le chemin habituel, j’ai pris un tout autre itinéraire, malgré le silence de mort, qui régnait dans l’habitacle Soléa était devenu soucieuse au point d’enfin ouvrir la bouche.

- Où tu vas comme ça ? 

Je n’ai pas répondu et j’ai fini par me garer dans l’herbe d’un terrain qui semblait plus abandonné qu’un champ de mines. Je suis descendu et je lui ai ouvert la porte.

- Allez viens.

Elle n’était pas du tout rassurée, mais m’a suivi quand même, j’ai attrapé sa main pour nous faufiler à l’intérieur. L’endroit sentait le mâle et le renfermé, mais c’était notre squat. J’ai attiré ma jolie blonde dans une pièce du fond avant de me jeter sur elle. 

- Qu’est-ce qu’il te prend, Kieran ?

- Ce n’est pas vraiment le décor idéal, loin d’être romantique, mais tu me rends tellement fou que j’en fais n’importe quoi, je suis tellement désolé de t’avoir blessé hier soir si tu savais. La maison est trop dangereuse pour nous, ici le lundi soir, je sais que nous ne risquons pas de croiser quelqu’un ! 

- Oh Kieran !

Elle n’a rien ajouté de plus et s’est jeté dans mes bras, j’étais heureux de la retrouver, nos bouches ne se décollaient pas, son souffle était rapide, j’ai commencé à lui enlever son uniforme puis lui ai laissé le loisir d’en faire de même et je pouvais enfin laisser ses mains vaquer à leurs occupations sans me soucier du fait que je ne pourrais jamais me retenir, car cette fois-ci, je pourrais enfin la posséder entièrement. 

Depuis l’incident de la douche, j’avais réussi à parfaitement faire l’anguille pour que Kieran ne me tombe jamais dessus. Jusqu’à ce qu’il me pousse à monter dans sa voiture le soir venu, vu les regards d’Aurore et Irvin, j’ai préféré ne pas faire d’histoires et le rejoindre. Nous étions silencieux, mais quand j’ai vu qu’il prenait une tout autre direction que celle de la maison, j’ai commencé à paniquer, je me demandais s’il était capable de me découper en petits morceaux et me jeter dans les marais. 

- Où tu vas comme ça ? 

Il n’a pas même répondu et c’est contenté de rouler jusqu’à une bâtisse délabrée, mon dieu où est-ce qu’il m’emmenait ? Pourquoi lui faisais-je encore confiance ? Ma main dans la sienne, je l’ai laissé m’attirer dans une chambre au fond, il s’est retourné pour m’embrasser, hors de question de le laisser faire de moi un pantin.

- Qu’est-ce qu’il te prend, Kieran ?

Il a lâché sa bombe, les yeux pétillants et désolés, sa main sur ma joue, me demandant de passer à l’étape supérieure. Je l’ai saisi par le cou pour l’embrasser, ma bouche ne voulait plus le laisser s’échapper loin de moi. Une fois nos uniformes à terre, j’étais un peu gênée, Kieran a saisi mon menton pour m’obliger à le regarder.

- Tu es vraiment parfaite, Soléa.

Ses lèvres sur les miennes, j’ai laissé mes mains caresser, avec quelque peu de maladresse, son membre viril tendu entre nous, la poigne adroite de Kieran s’est ralliée à la mienne, le laissant savourer le moment, sa bouche descendant dans ma nuque et sa seconde main maintenant mes fesses. Une plainte de plaisir s’est échappée de ma bouche avant qu’il ne m’allonge sur le lit. Sa langue parcourant mon corps en feu de haut en bas, s’arrêtant juste au point sensible de mon anatomie. J’étais incapable de retenir les cris d’approbation branchés directement sur les caresses de Kieran, mêlant sa langue chaude et ses doigts.

J’étais à bout de souffle après l’orgasme cuisant qu’il m’avait procuré, sa bouche parsemait de doux baisers de mon ventre à mes lèvres, il s’est penché pour attraper un préservatif dans la poche de son pantalon avant de l’enfiler expertement, surprise qu’il ne veuille pas que je lui rende la monnaie de sa pièce. Mon amant était au-dessus de mon corps brûlant de désir, il s’est arrêté pour me regarder.

- Tu en as vraiment envie Soléa, … je peux m’arrêter si tu veux…

- Fais pas l’imbécile Kieran, je vais mourir d’impatience !

Un rictus à peine caché sur le visage, sa bouche trouvait de nouveau la mienne avant qu’il m’emplisse d’un coup de reins assuré et se mette à aller et venir fougueusement. Mes pieds sur ses fesses l’obligeant à ne pas ralentir la cadence, je sentais monter en moi une sensation des plus fortes. Sur le point de non-retour, je hurlais son prénom comme une supplication, c’est à peine si j’ai entendu Kieran grogner de satisfaction dans mon oreille.

Mon palpitant avait du mal à revenir sur la terre ferme, dans les bras athlétiques de Kieran, je me sentais vivante, je me sentais heureuse, je me sentais aimé. 

Soléa était un joyau entre mes bras, nue devant moi, j’appréciais son corps des yeux et du bout des doigts devant sa mine embarrassée comme la fois où je l’avais surprise dans la buanderie. Elle n’avait tellement pas de quoi avoir peur, j’ai voulu la rassurer tout de suite.

- Tu es vraiment parfaite, Soléa.

Et elle l’était. Son souffle rapide et ses lèvres infatigables, elle m’enflammait comme une torche. L’entendre crier de plaisir sans retenue ne faisait qu’attiser le brasier en moi et je n’avais qu’une envie, continuer comme ça encore des heures, mais nous n’en avions pas l’occasion, alors j’ai enfilé une capote avant de basculer totalement en enfer. Une dernière vérification sur ce qu’elle désirait vraiment, sa réponse m’avait fait sourire. Mon nom, qui résonnait entre les murs de la pièce, faisait de moi un roi, son roi. 

Basculant sur le côté pour lui laisser de l’espace pour respirer, elle s’est blottie contre moi, alangui par nos efforts, j’étais bien, comme si j’étais à ma place. Aucun mot ne venait briser le calme de la chambre, or nos souffles rapides, mais nous n’avions pas besoin de parler. Nous sommes restés blottis l’un contre l’autre pendant un temps avant de reprendre le chemin de la maison.

Dans l’entrée, mon père et Alice nous attendaient, sur mes gardes, je passais devant Soléa.

- Où étiez-vous tous les deux, nous a assommé mon père à peine entrés.

Je n’avais prévu aucune explication qui justifierais notre retard, une heure ou deux pas plus, qu’est-ce que ça pouvait bien leur faire ? Jamais ils n’avaient cherché à savoir ce que nous faisions de notre temps libre. Soléa, les joues encore légèrement rougies par nos ébats et les cheveux imperceptiblement décoiffés est sorti de derrière moi.

- Kieran m’a emmené voir mon père, j’en avais besoin, est-ce un problème ?

La mine d’Alice s’est attristée, celle de mon père adoucit. Je savais ce que ça coûtait à ma jolie blonde de mentir, surtout en évoquant son père de la sorte, mais nos parents avaient une attitude plus que bizarre. 

- Non, bien sûr que non Soléa, mais on ne vous paye pas des portables pour qu’ils restent au fond de vos sacs, tachez de vous en servir la prochaine fois.

Nous avons opiné du chef avant de monter dans nos chambres respectives. Dans le couloir, j’ai attrapé Soléa avant qu’elle ne disparaisse.

- Je suis désolé que tu aies dû mentir… ils étaient vraiment bizarre.

- Ce n’est rien Kieran… C’est vrai qu’ils l’étaient…

J’ai passé ma main sur sa joue avant de lui voler un dernier baiser, doux et langoureux. 

- Bonne nuit mon soleil !

- Bonne nuit ! 

Un dernier sourire avant que je ne la lâche et nous sommes entrés dans nos piaules, je me suis jeté sur mon lit, souriant, rêveur, heureux et peut-être bien même amoureux…